L’Italien le plus connu au monde n’a pas la nationalité italienne : voici son histoire

Il s’appelle Khaby Lame, est né en 2000 et vivait déjà en Italie avant même de souffler sa première bougie. Mais, en raison des lois signées par Matteo Salvini en 2018, leader de la Ligue (extrême-droite), ami de Marine Le Pen et alors ministre de l’Intérieur, le jeune homme originaire du Sénégal voit toujours sa demande de naturalisation bloquée administrativement.

L’art du mime revisité

Son visage est connu à travers le monde : avec ses plus de 100 millions d’abonnés sur le réseau social TikTok et des milliards de vues sur ses comptes officiels, Khaby Lame est devenu le premier, en Europe, à atteindre autant de followers (personnes le suivant sur les réseaux sociaux)… Le tout, en revisitant l’art pluricentenaire du mime, car bien que parlant parfaitement italien avec l’accent piémontais, il ne décroche jamais un mot dans ses vidéos !

Son crédo est simple : tourner en dérision des vidéos diffusées par des tiers sur les réseaux sociaux censées apporter une solution compliquée à un problème simple (éplucher une banane avec un hachoir, casser une assiette sale, utiliser un aimant pour récupérer ses clés à travers un banc strié…), en révélant la réponse la plus simple (éplucher une banane sans couteau, laver une assiette sale, se pencher pour récupérer ses clés sous le banc…), placer les mains écartées paumes visibles devant son forfait et faire « non » de la tête, le tout avec un sourire mi-gêné, mi-sarcastique, totalement communicatif.

C’est l’histoire d’un mec…

Les épreuves qu’il a traversées avant de se reconvertir, à temps plein et avec succès, en humoriste de notre temps, sont moins amusantes que ses vidéos.

En mars 2020, l’Italie est le pays européen le plus touché par la première vague de la pandémie de Covid-19. Khaby Lame, alors ouvrier, se retrouve privé d’emploi du jour au lendemain. Il passe le premier confinement enfermé dans un logement social exigu, à Chivasso dans la banlieue de Turin, avec ses parents et ses quatre frères et sœurs.

Alors totalement inconnu du public, il se met donc à produire des vidéos très courtes pour faire rire ses amis et les quelques personnes qui le suivent, avant qu’elles ne se répandent à travers les réseaux sociaux comme une traînée de poudre.

La citoyenneté revendiquée

Quand Khaby Lame s’exprime par des mots, c’est pour raconter son histoire aux médias locaux, européens ou internationaux. « J’ai toujours aimé faire des sketchs, notamment sur Youtube avec mes amis, se confie-t-il. On avait à peine dix-sept abonnés mais comme on était passionnés même si personne ne nous regardait moi je continuais à enregistrer mes vidéos, les seules vues étaient mon père et sa famille ! »

Concernant sa demande de naturalisation pour se voir octroyer la nationalité et la citoyenneté italiennes de plein droit, il dit s’être « toujours senti Italien, partout je lis ‘Khaby l’Italien le plus suivi au monde‘ et je me dis, ‘tu vois il ne faut pas nécessairement un papier‘… »

Mais n’avoir que la nationalité sénégalaise lui ferme des portes, notamment pour ce qui est de se rendre à l’étranger afin d’y exercer son art. « Je voudrais aller aux États-Unis mais ce n’est pas facile ».

Préoccupé par ses pairs

Khaby Lame est également préoccupé par la situation de ses pairs : « J’ai beaucoup de jeunes qui m’écrivent sur les réseaux sur la question de la citoyenneté, et pour eux c’est plus difficile donc si mon histoire peut aider les autres, je serais bien content, car moi j’estime que je suis vraiment chanceux, très chanceux ! »

Vivre de sa passion, faire rire le public, est un souhait qu’il a atteint mais qui reste entravé par des lois nationalistes et xénophobes. Khaby Lamé n’en demeure pas moins l’un des meilleurs étendards de son pays d’adoption, arborant fièrement les survêtements de la Squadra Azzura, l’équipe d’Italie de football.

Si vous ne le connaissiez pas…

Si vous ne connaissiez pas son nom, les vidéos suivantes vous permettront de le (re)connaître et de découvrir un humour simple, cynique à l’égard des influenceurs auto-proclamés et démontrant que les réseaux sociaux ne sont qu’un support pour les jeunes (et moins jeunes !) générations d’aujourd’hui, permettant authenticité et sagacité.

 

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