Des charniers à nos frontières : les riches de tous pays contre l’humanité toute entière

24 juin 2022 : plus de 30 migrants d’Afrique subsaharienne meurent dans leur tentative de franchir les barrières de l’enclave espagnole de Melilla, en territoire marocain.
 
27 juin 2022 : plus de 50 migrants d’Amérique latine meurent dans la remorque d’un poids-lourd, découvert au Texas, États-Unis, à 250 kilomètres de la frontière mexicaine.
 
Ce ne sont pas « les passeurs » ni les flux de migration qui fauchent la vie de milliers de personnes chaque année, hommes, femmes et enfants.
 
Ce sont les frontières que les riches des pays riches imposent aux pauvres des pays pauvres.
 
Ce sont ces frontières défendues avec acharnement par les pauvres des pays riches, avec l’aide des riches des pays pauvres, contre les pauvres des pays pauvres, qui font de la Méditerranée un tombeau et des zones de passage un cimetière.
 
Ce ne sont pas les pauvres des pays pauvres qui viennent voler le pain des pauvres des pays riches – ce pain est accaparé par les riches des pays riches – tout ce à quoi aspirent les pauvres des pays pauvres, c’est à devenir pauvres des pays riches pour subir un peu moins de violence quotidienne.

Si les pauvres des pays pauvres voient leurs ressources naturelles pillées, leurs efforts physiques et intellectuels surexploités, leurs terres bombardées, c’est parce que les riches des pays riches en ont décidé ainsi avec l’accord des riches des pays pauvres.

Si les pauvres des pays riches se croient en guerre contre les pauvres des pays riches originaires des pays pauvres, c’est parce que les riches des pays riches en ont décidé ainsi et nourrissent de ces divisions leur pouvoir de domination sur leurs pays et la planète entière.

La question nationale est complètement subalterne dans les grands mouvements qui pourrissent la situation des pauvres de tous pays, par la pénurie, par l’exploitation, par l’aliénation, par le pillage, par la guerre, par l’extinction de masse de l’anthropocène.

La question de classe, la guerre entre les classes, décidée et menée par celle des riches contre celle des pauvres, est absolument primordiale dans l’approche historique, économique, politique, géostratégique, sociologique, psychologique et par extension journalistique que nous devons avoir des conditions présentes et des possibles qui s’offrent à nous.

« Socialisme ou barbarie » écrivait Rosa Luxembourg voilà un siècle. Mais à présent la science s’en est mêlée, à présent la barbarie est d’ores et déjà éprouvée par les pauvres de tous pays.
 
« Union ou extinction » oserons-nous formuler, pour les pauvres de tous pays, dont la condition de pauvres se mesure moins par le nombre de chiffres sur le compte bancaire que par la réduction à l’état de marchandise, là en tant que force de travail gratuite, ici en tant que force de travail payée une misère, ainsi que par le péril d’être anéanti, en même temps que l’essentiel de notre monde, de la main des plus riches de tous pays.
 
Voilà le dessein de cette main bien visible de la classe capitaliste : nous, humanité terrestre, rayer d’un trait de plume pour coloniser, encore et encore, chaque millimètre-cube d’espace réel ou virtuel, chaque milliseconde de temps présent ou à venir, destinés sous cette ère folle à n’être rien d’autre que des fragments de capital, dont la voix des plus riches parmi les plus riches pourra dire « C’est à moi ! » avant de s’éteindre à tout jamais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *