#BeMoreFrench ou le réveil des peuples ?

La locomotive des luttes européennes 

Un spectre hante t-il l’Europe ? En tout cas, à voir le réseau social Twitter, il semblerait que le mouvement français contre la réforme des retraites fasse véritablement tâche d’huile dans le monde occidental.

Avec le #BeMoreFrench, on loue la capacité de la population française à s’organiser pour défendre ses droits fondamentaux, et le mouvement est particulièrement scruté. Il faut dire que la crédibilité de M. Emmanuel Macron, président de la république, est mise à mal en cette période.

Le report de la visite du roi d’Angleterre, Charles III, et de la reine consœur, Camilla, à Versailles, met en lumière l’incapacité de l’exécutif à ramener l’ordre. De manière générale, il semble que la France ne soit plus une voix particulière au sein des puissances occidentales. L’alignement de sa position sur celle des États-Unis dans le conflit ukrainien peine à faire passer la patrie des Droits de l’Homme pour un interlocuteur de premier ordre dans l’optique d’une éventuelle résolution.

Par ailleurs, le recul tout à fait net de son influence en Afrique, au profit de nouveaux acteurs, qu’ils soient russes, chinois, étasuniens voire africains eux-mêmes, entame sérieusement son poids dans le concert des nations. Pourtant, la population française n’a pas baissé en prestige. Le mouvement #BeMoreFrench, qui reste à cette heure-ci cantonné aux simples réseaux sociaux, traduit cependant la perception d’un peuple révolté, affirmant peut-être le cliché du Français râleur.

Un habitué de la lutte, lira ces lignes avec un léger sourire désabusé, en pensant aux deux dernières décennies sans avoir remporté de victoires majeures. D’ailleurs, les Français se sont plutôt illustrés par leur discipline face à la pandémie du coronavirus en 2020, en se vaccinant en nombre. Comme quoi, les clichés peuvent avoir la peau dure…

Le printemps des peuples 

On peut comprendre pourquoi, vu d’ailleurs, que l’irruption populaire en France, si spontanée, est bien à l’image d’un peuple qui a toujours porté haut les valeurs que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Cette image tranche avec l’apparente incompétence de dirigeants qui annulent la visite du roi n’est en guise de fin en apothéose d’une série de spectacles en mondovision tous plus affligeants les uns que les autres.

On ne peut reprocher à nos concitoyens de ne pas voir l’antagonisme de classes qui sous-tend notre société et dont la crise sanitaire a révélé la férocité. Pendant cette expérience, les Françaises et les Français se sont retrouvés face à des dilemmes d’une ampleur insoupçonnée. ils ont fait le constat clair que le contrat social libéral n’est pas de nature à résoudre une crise majeure. la réponse n’a jamais été trouvée !

Emmanuel Macron, président le plus mal élu de la Ve République est sorti singulièrement affaibli de la dernière séquence électorale. Parallèlement à son raidissement autoritaire, le pari de la résignation et du pourrissement n’a pas eu l’effet escompté.

C’est justement parce que le chef de l’état n’a pas pris la mesure de ce qui avait changé depuis 3 ans. L’utilisation abusive de l’arsenal constitutionnel pour faire passer en force le projet de loi ne pouvait que se heurter à une réaction virulente des électeurs. Au-delà du débat sur la réforme des retraites, personne n’a répondu présent pour cautionner les orientations brouillonnes du mandat présidentiel.

En ce sens, la rébellion des Français pour exemplaire qu’elle doit est surtout le symbole d’une véritable ébullition populaire dans toute l’Europe. la double expérience de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine , a clairement montré que les aspirations sociales des peuples européens étaient tout autant convergentes que les intérêts des capitaines d’industrie allemands, français ou italiens.

A ceci près qu’elles sont radicalement antithétiques. Bien sûr, on peut tout à fait argumenter que la réponse politique apportée n’est pas monolithique : à côté des fortes mobilisations qui déchirent la France ou le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Italie sont tentés par un virage réactionnaire.

Personne cependant ne pourra cacher que les travailleurs, non seulement en France mais aussi dans toute l’Europe, sont en train de prendre leur destin en main.

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