Arrangements

L’envers du décor du G7 révèle les petits arrangements de l’organisation du sommet. Ainsi Emmanuel Macron s’arrange avec la vérité quand il affirme, samedi 24 août, que le G7 de Biarritz aura coûté « 10 à 12 fois moins cher que le précédent ». C’est même à des années-lumière de la réalité.

Selon le Journal de Québec, le G7 2018, qui a eu lieu dans la région de Charlevoix dans l’est de la province francophone du Canada, a coûté 390 millions d’euros. Pour le G7 2019, le Parlement français a effectivement voté une enveloppe de 36,4 millions d’euros. Toutefois, selon le texte de loi, « ce programme ne comprend ni les dépenses de personnel du secrétariat général de la présidence – des fonctionnaires étant mis à disposition par les administrations concernées – ni les dépenses de sécurité tenant à la mobilisation des forces de police, de gendarmerie, de sécurité civile et aux forces armées ». « Au Canada, la sécurité, incluse dans le coût global, représentait 70% du budget du sommet » relevait le Figaro lundi, pour un déploiement de forces de l’ordre moindre que les 13.200 policiers et gendarmes mobilisés toute la semaine dernière.

Autre dépense non comptée dans les 36,4 millions, les pharaoniques chantiers précédant l’accueil du sommet à Biarritz. « Il y a eu beaucoup de travaux réalisés dans la ville », selon le conseiller municipal François Amigorena. « La seule rénovation de l’hôtel du Palais aurait dépassé les 100 millions d’euros » – parce qu’ « il a fallu faire ces travaux dans l’urgence absolue ».

Pour baisser en apparence le coût du G7, le gouvernement a également passé des contrats de « mécénat » avec Orange, Engie, L’Oréal et Edenred. Pour se refaire une image écolo, Engie a « installé un peu partout dans la ville des bancs solaires pour recharger portables et tablettes, des panneaux solaires sur les bus et trams de la ville », d’après le Figaro, des installations au coût pour le moins élevé. Par ailleurs, les journalistes ont été chouchoutés : la firme gazière a mis pas moins de 200 vélos à hydrogène gratuitement à disposition des correspondants et envoyés spéciaux, tandis que Edenred a réalisé et payé à chacun des 2.000 journalistes une carte d’une valeur de 75 euros, vingt-cinq euros par jour de vendredi à dimanche, disponible dans les nombreux restaurants de Biarritz. Toutes ces petites attentions s’élèveraient à plusieurs millions d’euros, dont 60% seront remboursés au titre de crédits d’impôts aux multinationales-mécènes.

Le G7 de Biarritz aura donc coûté, non pas de 36,4 millions, mais potentiellement plusieurs centaines de millions d’euros, entièrement payés par le contribuable. Nous sommes très loin d’un budget « dix à douze fois moindre que le précédent » ; Emmanuel Macron, qui ne peut ignorer cette réalité, a sciemment menti, et ce n’est pas la première fois.

Quant au prochain G7, qui aura lieu près de Miami, il risque d’être folklorique. Le Président US Donald Trump, à nouveau grand ami de Macron, a carrément annoncé, avant de quitter Biarritz, « son intention d’héberger le prochain sommet dans l’un de ses clubs de golf de Floride, le Doral », signale le Canard Enchaîné du mercredi 28 août. « Et le Washington Post de s’inquiéter de l’éventuel détournement de millions de dollars d’argent public, américain ou étranger, au profit du milliardaire. » On n’arrête pas le business.

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