Sous la Macronie : serrer la vis, la ceinture et les rangs
Macron et son gouvernement serrent à droite, le seul côté dont ils gardent l’ouïe. Ultra-libéralisme, c’est-à-dire soutien enthousiaste de l’État aux monopoles privés comme Amazon et autoritarisme, poussant toujours plus loin les pions de la répression, sont les deux mamelles du « nouveau monde » vendu en 2017 comme un paquet de lessive bio par les médias des milliardaires.
Logiquement, ils serrent les vis : celles de la bombe qui explosera une bonne fois pour toutes le Code du Travail et les grandes conquêtes ouvrières du siècle dernier, celles de la chape de plomb sécuritaire, le tout au nom de la « guerre » qui devrait tous nous ranger derrière le gouvernement, comme jadis certains se rallièrent à l’Union sacrée.
Serrer dans ses bras et sentir l’étreinte de ses petits-enfants n’est plus qu’un doux souvenir pour nos aînés qui, s’ils sont autorisés à recevoir de la visite dans ces terribles mouroirs que sont les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, doivent se retenir de toucher la chair de leur chair, sans doute porteuse du satané virus après avoir été obligée de se rendre à l’école.
Pas question non plus de serrer la main d’un ami, et encore moins de serrer son crush, de flirter et conclure, cela appartient au « monde d’avant » la pandémie, les gestes barrière, la distanciation sociale et les attestations de sortie. Après tout, ce n’est pas facile d’avoir 20 ans en 2020.
Serrés, les travailleurs le demeurent dans les transports en commun, parqués comme des sardines qui n’ont plus le cœur à chanter. Le métro et le tramway sont devenus zone d’exception, seul endroit où les consignes sanitaires ne comptent plus.
Partout ailleurs, c’est la verbalisation assurée pour quiconque de la classe ouvrière ne respecterait pas les règles, au risque de se faire serrer par les forces de l’ordre. Fumez un joint, c’est cool de chiller comme on vous le répète dans les séries ou en musique mais si on vous attrape, même si vous vous trouvez à l’écart et ne gênez personne, ce sera 150 euros pour non-port du masque et 200 euros pour consommation de « stupéfiant ».
C’est la crise, la dette publique et le déficit commercial s’élèvent à des niveaux inédits, donc préparez-vous à serrer les cordons de la bourse, autrement dit à vous serrer la ceinture. Les licenciements se multiplient et pour les cadeaux aux couches populaires, autant attendre le Père Noël. Mais ce dernier s’est lui aussi fait virer, il occupait un poste non-essentiel au regard de la start-up nation.
Serrer les dents, contenir sa rage face à tant d’injustices, face à ce coronavirus qui n’est qu’un « champ de bataille » de la guerre de classe déclarée par les puissants contre les misérables, voilà qui ferait les affaires de monsieur Macron et de ses commanditaires capitalistes. Mais une autre voie est possible.
Nous pouvons nous serrer les coudes, serrer les rangs non derrière Macron, non derrière l’intérêt bourgeois exclusif, mais entre les exploités, les opprimés, rassemblés pour leur intérêt de classe qui se conjugue comme nul autre à l’intérêt général.
Chacun peut céder à l’émotion de l’instant, sentir sa gorge se serrer devant l’arbitraire qui sépare toujours davantage la grande majorité de l’infime minorité ; si l’empathie n’est pas une valeur-refuge par temps de récession, elle reste néanmoins une grande qualité humaine. Mais, comme les applaudissements, elle ne suffit plus. Encore faut-il serrer le poing, unir les doigts comme un appel à l’union des masses populaires, pour de nouveau espérer et agir afin que toute cette tempête ne soit pas traversée en vain.
Benoit Delrue, le 3 novembre 2020