La lâcheté de Monsieur Darmanin

Selon le ministre de l’Intérieur, dans un entretien paru dans La Provence du jeudi 25 février, « légaliser [le cannabis] serait une lâcheté ».

Monsieur Darmanin s’y connaît en « lâcheté », lui qui vient d’enchaîner deux débats coup sur coup avec Marine Le Pen et Eric Zemmour, démontrant si besoin était qu’il n’y a pas davantage que l’épaisseur d’un papier OCB entre ses idées et celles de ses contradicteurs d’extrême-droite.

Un avant-goût du fascisme

L’actuel locataire de la Place Beauvau se nourrit de l’idéologie dominante, qui n’est autre que le corpus d’idées de la classe dominante, un arsenal de concepts et de valeurs dont la puissance de feu est entièrement concentrée contre la solidarité populaire des classes exploitées.

Monsieur Darmanin traduit ces idées en actes de gouvernement, creusant le fossé des différences culturelles, divisant les travailleurs, muselant le peuple opprimé, réprimant violemment toute opposition sociale. Un avant-goût du fascisme quand la jeunesse dorée vit ses Années folles.

Politique du chiffre et mafias

La « lâcheté » de la légalisation du cannabis n’est rien en comparaison de la lâcheté du maintien du statu quo, de la politique du chiffre, des incessants contrôles d’identité, de la culture de masse faisant la part belle à la consommation voire à la production et la vente de drogues illégales, de la cécité sur cette drogue dure qu’est l’alcool broyant des millions de vies, de cette drogue ravageuse que constituent les jeux d’argent désormais confiés entre les mains des capitalistes par la privatisation de la Française des Jeux.

En sus d’une politique de prévention proche du zéro absolu en ce qui concerne les usages problématiques de cannabis, la question légitime de ce que deviennent les centaines de milliers d’employés du capitalisme sauvage, vivant des trafics illégaux, ne trouvera aucune réponse tant que les néolibéraux tiennent les rênes du pays. La mafia en France, qui n’est pas seulement étrangère ni marseillaise, est inhérente au système économique qui prive de réussite sociale, de fierté, de travail légal, d’horizon et d’avenir une foule monstrueuse de millions de jeunes dont les rangs grossissent crise après crise.

Instiguer la haine par tous les canaux

Après quatre années interminables, le mépris de classe demeure la principale boussole de la Macronie. Ce gouvernement réactionnaire fait preuve d’une hypocrisie totale, en alimentant d’une main la suspicion sur des citoyens français musulmans qui n’aspirent qu’à vivre en paix, tout en faisant affaire de l’autre main avec les barbares saoudiens aux crimes avérés. L’observateur avisé y verra un beau point commun entre Messieurs Darmanin et Macron et Mesdames Le Pen et Maréchal, ces dernières ayant vu leur parti sauvé par un prêt financier venant tout droit des Émirats Arabes Unis, nation qui en son sein condamne à mort et exécute pour apostasie.

Monsieur Darmanin est un modèle de lâcheté. Un homme qui ne se soucie des SDF français que lorsqu’il s’agit d’expulser des travailleurs immigrés, qui ne se soucie des droits des femmes que lorsqu’elles portent un foulard sur leurs cheveux, qui ne se soucie du séparatisme que lorsqu’il est le fait des plus opprimés et jamais des grands oppresseurs. Son seul fait d’armes est d’incarner le Macronisme décomplexé en instiguant la haine entre citoyens exploités, citoyens surexploités et étrangers privés de citoyenneté, depuis le palais qui lui sert de ministère.

On dit parfois que le peuple a les gouvernants qu’il mérite. Rarement cette formule aura été aussi fausse qu’aujourd’hui. Personne ne mérite Monsieur Darmanin. Monsieur Darmanin ne mérite rien.

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