Diversion de masse, nationalisme et plébiscite bourgeois
La façade du pluralisme se fissure au point de devenir une farce. L’ensemble des médias dominants s’enlisent jour après jour dans la fascination pour un raciste avéré, interrogeant tous leurs invités sur ses dernières obsessions et la couleur de sa dernière cravate.
Tout cela participe à une diversion de masse, par laquelle les rôles joués par les classes sociales sont inversés. Nombre d’observateurs et auto-proclamés spécialistes de l’opinion considèrent que ce sont les classes populaires qui amènent aux portes du pouvoir le « bloc national » ? Mais c’est la grande bourgeoisie, propriétaire des médias, qui le plébiscite !
Monsieur Zemmour, puisqu’il faut le nommer, est la nouvelle coqueluche de la classe capitaliste, chien de garde d’un système en crise, doux avec les puissants et violent envers les faibles. Sa fabrication se fait sous nos yeux, jour après jour sur les chaînes d’information en continu, en unes des magazines et journaux, en tête des tendances sur les réseaux sociaux irrigués par les médias de masse ; exactement comme fut fabriqué, il y a exactement cinq ans, le personnage nouvellement présidentiable de Monsieur Macron.
Différents visages ont été revêtus par le nationalisme, dans notre pays, à travers l’histoire contemporaine : Napoléon Bonaparte, Adolphe Thiers, Georges Clémenceau, Philippe Pétain ont précipité la guerre, la défaite, l’humiliation et l’horreur. Tous ont profité d’un plébiscite des classes dominantes pour mater la Révolution, la Commune, le pacifisme et le mouvement ouvrier.
À l’heure de l’information continue et des échanges instantanés, il apparaît aux travailleurs que les infrastructures économiques d’une part, et les institutions politiques surtout, ont lourdement failli dans leur prétendue mission de servir l’intérêt général. Cela, la grande bourgeoisie en a également conscience et elle est prête à abattre sa carte maîtresse en la personne d’un leader d’extrême-droite à la conquête du pouvoir politique suprême.
Le nationalisme s’avère l’ultime recours du capitalisme en temps de crise grave pour maintenir le taux de profits des propriétaires des grands moyens de production, dans le cas présent malgré une récession jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’un régime ultra-violent constitué au service de la grande bourgeoisie pour réprimer encore plus violemment que le néolibéralisme autoritaire toutes formes de contestation, et instiller l’idée de la guerre comme seule issue dans l’esprit des travailleurs.
La classe capitaliste joue à un jeu dangereux, non pour elle-même bien à l’abri dans ses ghettos d’ultra-riches, mais pour toutes celles et tous ceux qui appartiennent, souvent inconsciemment, aux classes exploitées. La guerre civile n’est pas l’avenir de la France, sauf si les ultra-riches, Monsieur Bolloré en tête, appellent le nationalisme à venir se mêler à la conduite du destin de la nation.
Victimes de tous temps des formes de nationalisme, qui étend ses tentacules impérialistes et colonialistes tout en traitant une partie de la population en Europe comme des êtres inférieurs, les classes exploitées détiennent la clé pour défaire cette entreprise ravageuse et anéantir ses commanditaires : leur unité populaire, au-delà de toutes les distinctions culturelles ou ethniques, non en tant que victimes, mais en tant que majorité productrice de valeur, en droit de revendiquer la citoyenneté politique et économique complète, ce qui implique la mise sous contrôle populaire, démocratique et rationnel de la production humaine.
Cette unité, agissant en bouclier en temps de (pré)nationalisme, peut guider les travailleuses et travailleurs à travers les chemins sinueux du XXIème siècle, pour faire face à tous les enjeux sans exclusive – civilisationnels, sociaux, politiques et environnementaux – et pour déjouer toutes les emprises des classes dominantes sur la destinée de leurs propres vies, comme autant d’entraves au progrès véritable.