Ignominie
Si l’on se réfère au dictionnaire Larousse, l’ignominie est un mot soutenu signifiant un « degré extrême du déshonneur ou de l’indignité, résultant d’un outrage public, d’une condamnation ou d’une action infamante ».
Pour rester poli, et parce que les insultes les plus grossières du parler populaire ne suffisent pas, ignominie est le terme approprié pour qualifier les agissements de cette entreprise française qui a refourgué des steacks hachés sans viande aux associations d’aide aux démunis.
Depuis juillet 2018, pas moins de 780 tonnes de cette saloperie ont été écoulées auprès d’organismes caritatifs comme les Restos du Cœur, le Secours Populaire et les Banques alimentaires. C’est une firme française qui a remporté un marché public à hauteur de 5,2 millions d’euros, et qui a choisi, pour réduire ses coûts et augmenter sa marge, de commander les steacks à une entreprise polonaise peu scrupuleuse. Au lieu d’une viande à base de muscle de bœuf avec 15% de matière grasse, les steacks sont composés de gras et de peau mixés à du soja et de l’amidon pour un résultat qualitatif et nutritionnel extrêmement médiocre.
Les associations alertent depuis des mois sur cette « viande » malpropre, mais le gouvernement a attendu le mois de juin pour réagir. Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à Bercy, a fait les gros yeux en déclarant qu’ « il est hors de question que ce type d’attitude se reproduise ». Pourtant, elle a choisi de ne pas divulguer le nom de l’entreprise française incriminée, la protégeant de fait.
De plus, c’est aller vite en besogne que de considérer le gouvernement à la hauteur sur cette question. La réglementation française sur l’alimentaire, l’une des plus strictes au monde pour garantir au consommateur une bonne qualité minimum de ce qu’il trouve dans son assiette, est progressivement démantelée par ce gouvernement Macron et ses prédécesseurs, déjà ultra-libéraux. Ils cherchent, notamment, à nous imposer des traités de libre-échange avec l’Amérique du Nord qui inonderait le marché français des produits alimentaires agricoles et transformés les plus mauvais.
Les propriétaires capitalistes de cette entreprise française, dont nous ignorons pour l’instant le nom, ayant fait leur beurre sur la grande pauvreté, au détriment de la santé des personnes démunies, sont coupables d’ignominie. Ils ont atteint le degré extrême du déshonneur, de l’indignité. Et le gouvernement Macron qui les protège, par le retard de sa réaction et son refus de divulguer leur identité, s’en est rendu complice.