Magique

« Il n’y a pas d’argent magique » lançait, le 5 avril 2018, Emmanuel Macron à une soignante du CHU de Rouen, qui l’interpellait sur la baisse du budget de son établissement.

L’argent ne fait pas le bonheur, dit-on, mais sans argent, on ne vit plus. Avec la diminution organisée et criminelle des crédits alloués à la Sécurité sociale, donc aux hôpitaux, les centres de soins agonisent et c’est notre santé, au sens littéral, qui en prend un coup.

Notre société vit sous le règne de l’argent. Il suscite toutes les convoitises, il soumet la nature et les êtres humains, il fait naître des marchés et détient le pouvoir de vie ou de mort sur l’économie réelle. Sous le capitalisme, la magie de l’argent peut réaliser toutes les prouesses. Le Président Macron le sait bien, lui qui a dépensé sans compter pour suivre la voie l’emmenant à l’Élysée.

Chacun peut mesurer l’éloquence de M. Macron, capable du meilleur comme du pire selon son interlocuteur. Il savait avant de la prononcer que l’expression « argent magique » marquerait les esprits. Pourtant l’essentiel réside dans ceci : « il n’y a pas d’argent ». En 24 heures, la cause de Notre-Dame incendiée a récolté un milliard d’euros. En 2008, en plein krach boursier international, Nicolas Sarkozy a dégoté 360 milliards d’euros en un claquement de doigt pour « sauver » les grandes banques. Nous voyons que l’argent peut être trouvé en fonction du but poursuivi. La véritable signification du bon mot du chef de l’État est donc : « il n’y a pas d’argent pour vous ».

Pour les riches amis de M. Macron, pour la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), pour le versement du Crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE) aux multinationales, l’argent coule à flots. Mais pour les services publics, pour la Sécu, pour les centres hospitaliers publics, « il n’y a pas d’argent magique ». Cette phrase résume à elle seule l’idéologie ultra-libérale qui sous-tend l’ensemble de l’action du Président. La politique à l’œuvre fait tant souffrir les classes populaires qu’elle en devient abracadabrantesque.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *