Indulgence
« C’est une invention humaine de prêcher que, sitôt que l’argent résonne dans la caisse, l’âme s’envole du purgatoire. » Martin Luther, 95 Thèses.
La 27e thèse de Martin Luther, fondateur du protestantisme, sonne comme un rappel à la loi divine.
Il y a 500 ans, le prêtre allemand part en guerre contre la papauté qui organise le commerce de l’entrée au paradis sur le dos des chrétiens – rappelons que le Pape est la personne la plus influente d’Europe au XVIe siècle.
L’indulgence est un système simple : on la paie contre le privilège d’accéder au jardin d’Éden. En échange, cet argent est utilisé par le Saint-Siège afin de financer les sites épiscopaux et au besoin rénover les bâtiments.
Imaginons-nous en 1519, la cathédrale de Notre-Dame à Paris est détruite par un incendie ravageur et le Roi de France François Ie annonce sa rénovation en cinq ans. Vous pourriez payer, en échange d’allégement d’impôts, des indulgences. A cette période, vous trouveriez un adversaire de taille en la personne de Martin Luther. En effet, selon la Bible, on ne peut échanger son salut contre de l’argent.
Il faut d’ailleurs permettre à ce que les croyants puissent vivre de leur travail plutôt que de rénover des monuments humains à la gloire de Dieu (qui ne supporte pas ce genre de pratiques). Cette idée est même prohibée depuis la réforme grégorienne – Grégoire VII est un des pères de l’église catholique – du XIe siècle.
C’est pourtant celle qu’a préconisée le Président Macron auprès des donateurs, en premier lieu la grande bourgeoisie et son fleuron à savoir les Arnault, Pinault et compagnie. En contrepartie de dons astronomiques pour rénover Notre-Dame, les ultra-riches espèrent s’acheter une place au paradis en s’absolvant de leurs pêchés. Remplacer la figure de Dieu par celle du Marché n’assurera pas plus sa place au paradis.
La bourgeoisie ferait mieux de s’occuper de la question de la pauvreté plutôt que de rénover des bâtiments symboliques.
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux.