Incorrect

L’heure est à la transgression du « politiquement correct ». Aucun éditorialiste, politicien ou autre « expert » médiatisé ne voudrait plus se soumettre à ce « carcan », et c’est à celui ou celle qui aura le « courage » de tenir des propos sortant le plus des discours conventionnels.

Force est de constater que cet affranchissement conduit généralement à la propagation d’idées simplistes où les ressentis et préjugés dominent. Les maîtres du « politiquement incorrect » sont à droite, voire très à droite ; Sarkozy en avait fait son fonds de commerce, rapidement rejoint par Marine Le Pen et, pour sortir du monde politique stricto sensu, Eric Zemmour en est un des porte-étendard, tout comme à leur sauce rance Dieudonné et Alain Soral.

« Assistanat », « islamisation », « invasion », « complot sioniste », autant de raisonnements à l’emporte-pièce où on fait appel aux peurs intimes pour attiser la haine d’une partie des classes populaires contre une autre partie des classes populaires. « Diviser pour mieux régner » est un adage que les représentants libéraux, conservateurs et réactionnaires savent appliquer. Ils créent des polémiques à partir de faits divers tous les quatre matins, pour stigmatiser l’ensemble d’une population, géographique, ethnique, religieuse ou immigrée.

Emmanuel Macron n’est pas en reste, lui qui a pratiqué depuis qu’il est médiatisé un mépris de classe incessant, envers les « réfractaires », les « fainéants », les « pauvres » qui touchent quand même « un pognon de dingue », en somme les « gens qui ne sont rien ». Autant de sacro-saintes transgressions du politiquement correct, pour « oser » nous insulter, et finalement, mener une politique pour les milliardaires et ceux « qui ont envie de le devenir » en tirant dans les pattes de leurs semblables.

Nous préférons, quand il s’agit de transgresser la bienséance dominante, et plutôt qu’interchanger les points de vue en conservant un regard essentialiste et cousu de phobies, renverser pour de bon la philosophie de comptoir à laquelle nous a habitués la médiocrité intellectuelle de notre époque.
Nous préférons la voie scientifique, rationnelle, de l’analyse de classes et pour être encore plus clair, l’étude des luttes des classes qui ont été, depuis l’origine des civilisations humaines, le véritable moteur de l’Histoire, à travers les millénaires et dans ses développements les plus modernes.

Les véritables maîtres du monde actuel ne sont autres que les ultra-riches, à la tête d’empires industriels et financiers plus importants que les États, puisqu’ils décident de la production dans leur unique recherche de profit que les lois libérales ne font qu’encourager et favoriser. « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches », écrivait Victor Hugo avec un courage autrement plus grand que celui, autoproclamé, des petits penseurs télévisés ou numériques. Pour ces derniers, refuser le politiquement correct implique d’être incorrect, non vis-à-vis des puissants, mais envers les exploités et les opprimés.

Les crises économiques, sociales, politiques à répétition comme la grande crise écologique de notre siècle ne trouveront jamais une issue par ceux qui cherchent à diviser le peuple travailleur. Les libéraux, eurobéats et précepteurs de la mondialisation heureuse, comme ceux qui veulent repeindre le capitalisme en bleu-blanc-rouge par chauvinisme, n’apportent plus rien au débat. Car, depuis le temps qu’ils imposent leurs idées dans l’opinion publique, le « politiquement correct » a changé et ses représentants les plus fervents se nomment Le Pen et Macron.

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