Jean-Philippe Tanguy, choisi par le RN pour diriger Bercy et clone idéologique de Bruno Le Maire

En cas de victoire du Rassemblement National le 7 juillet, ce serait Jean-Philippe Tanguy qui devrait être nommé ministre de l’Économie dans le gouvernement dirigé par Jordan Bardella. C’est Matthieu Valet, eurodéputé RN, qui a vendu la mèche sur LCI ce dimanche 16 juin après-midi.

Formé à bonne école

Fils de gestionnaire de sites industriels, scolarisé au très bourgeois lycée Henry-IV, diplômé de l’ESSEC Business School et de Sciences Po Paris, Jean-Philippe Tanguy est favorable à l’assouplissement de la fiscalité sur l’héritage, à l’abandon de la retraite à 60 ans et à de nouvelles exonérations de cotisations patronales.

Un temps bras droit de Nicolas Dupont-Aignan dans le petit parti de droite Debout la France (DLF), il rejoint le Rassemblement National en 2020 en créant son microparti L’Avenir français, ultra-libéral sur le plan économique.

Un an après son élection à l’Assemblée nationale, il avait voté en faveur de 57 % des principaux textes présentés par le gouvernement, sans compter ceux sur lesquels il s’est abstenu.

Passe d’armes factice

Le 6 mars 2024, M. Tanguy a bien demandé la démission de Bruno Le Maire, tout en partageant les lubies austéritaires du locataire de Bercy depuis 7 ans.

Le ministre de l’Économie depuis 2017 avait déclaré le jour même que « le lepénisme est un nouveau marxisme : toujours plus de dépenses, toujours moins de recettes ». Dans la foulée, Jean-Philippe Tanguy a répliqué sur BFMTV que M. Le Maire venait alors de « dire une énormité pour couvrir la catastrophe des comptes publics ».

Dans cet entretien, le « monsieur économie » du parti nationaliste a reconnu que « la seule chose où [Bruno Le Maire] a raison, c’est qu’en 2032 les comptes de la nation seront sur le bon chemin parce que, je l’espère, les Français auront confié le pouvoir à Marine Le Pen et à des gens qui sauront enfin équilibrer les comptes ».

Votes identiques à la Macronie

Équilibrer les comptes, oui, mais certainement pas en augmentant les recettes fiscales sur le capital. Dans l’hémicycle, le représentant de la quatrième circonscription de la Somme entre 2022 et 2024 a voté contre le rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et contre la taxation des super-profits, de concert avec les macronistes.

Sur le pouvoir d’achat, il a voté contre l’augmentation du SMIC et contre l’indexation des salaires sur l’inflation, à nouveau tout comme les députés fidèles au Président Macron.

La baisse du salaire brut

Jean-Philippe Tanguy partage enfin, avec Bruno Le Maire, une conviction déterminante : le seul moyen d’augmenter les salaires serait… de baisser le salaire brut.

Les cotisations, qui financent la Sécurité sociale en tant que solidarité nationale, seraient alors massivement supprimées. Le service public de la santé serait peu à peu condamné à se commercialiser, faute de moyens ; les droits sociaux pour les salariés et petits entrepreneurs dans l’incapacité de travailler due à une maladie, un accident ou un licenciement seraient progressivement mais rapidement anéantis.

Le plus fort est que, chez M. Le Maire comme pour M. Tanguy, la diminution du salaire brut renverrait au choix de chaque patron d’augmenter, ou non, le salaire net de ses employés selon son humeur et son bon cœur.

Une seule alternative au dogme de l’austérité

De son côté, le nouveau Front populaire a détaillé depuis vendredi son programme, fort de 187 mesures concrètes que la coalition de gauche fait l’effort pédagogique et démocratique de diffuser massivement, notamment sur Internet (voir en fin d’article).

Le programme législatif et gouvernemental de gauche inclut l’augmentation du SMIC à 1.600 euros net, la hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires et l’augmentation des salaires des apprentis et alternants dès les 15 premiers jours.

Les 100 premiers jours auraient lieu le rétablissement de l’indexation des salaires sur l’inflation et la revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) au niveau du SMIC.
Les mois suivants, sous le signe des transformations, ce seraient les pensions de retraite qui verraient leurs montants indexés sur les salaires.

Des mesures faisables, soutenables et souhaitables

Régulièrement attaquée sur la faisabilité financière de ses propositions, l’alliance de gauche prévoit par ailleurs une surcotisation sur les hauts salaires (pour financer la hausse des pensions de retraites, notamment) et la mise en place d’un fonds salarial abondé par les plus grandes entreprises, notamment celles qui échappent aujourd’hui à l’impôt malgré les richesses produites en France, afin de soutenir et accompagner les TPE et PME dans l’augmentation des salaires.

En outre, une fiscalité plus progressive sur les revenus du capital et sur le patrimoine (mobilier notamment : les titres boursiers) fait également partie des cordes à l’arc de l’équilibre budgétaire prôné par le nouveau Front populaire.

Entre dogme de l’austérité et cercle vertueux de la relance de la consommation populaire, dont on sait qu’elle n’est permise que par la hausse des petits revenus, les Français ont désormais le choix. Avec le RN et Jean-Philippe Tanguy, il ne faudra cependant pas espérer un changement de logiciel économique au gouvernement.

Le programme du nouveau Front populaire

 

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