[Édito] Je ne pleurerai pas sur votre sort
Sébastien Grosmaître, le rédacteur en chef du premier quotidien français (en tirage et de loin), Ouest-France, annonce sur le plateau de franceinfo que la Une nationale de son journal sera demain, jeudi 20 juin 2024, consacrée aux assises de la pêche. Et d’ajouter tout sourire : « ça nous fera du bien de ne pas parler des législatives« , entraînant le rire complice de l’animatrice de l’émission.
C’est vrai que douze jours de débat, entre le dépôt des candidatures en circonscription et la fin de la campagne électorale, c’est encore beaucoup trop au regard des enjeux. Après tout, à quoi bon éclairer un vote aussi anecdotique ?
La sphère médiatique même publique, la justice indépendante, la droite sénatoriale prétendument républicaine, la Macronie : toutes ces institutions qui sont censées résister à la poussée de l’extrême-droite, toutes qui se posent en garantes du libéralisme politique, toutes préparent confortablement le basculement de la France vers un régime fasciste.
Leur sourire niais, ces journalistes, ces juges, ces politiciens le perdront quand l’extrême-droite liquidera une à une toutes leurs institutions libérales, tout ce qui leur permettrait encore aujourd’hui d’agir comme contre-pouvoir à l’exécutif.
À ce moment-là, je ne pleurerai pas sur leur sort.