[Édito] Front Républicain dans les urnes, Front Populaire sur le terrain

Au-delà des grandes suppositions que je formule à titre personnel dans ce long éditorial à l’issue du premier tour, une certitude m’anime.

La France a de quoi trembler. Dimanche 30 juin, le Rassemblement National et ses alliés directs, autour d’Éric Ciotti notamment, sont arrivés en tête du premier tour des élections législatives anticipées avec, peu ou prou, un tiers des suffrages exprimés. Ayant réalisé le score définitif de 27,99%, le nouveau Front populaire évite le pire mais représente moins que la somme des quatre principaux partis de gauche et écologistes à l’élection européenne du 9 juin, dont la coalition n’a pas permis de faire mieux, en pourcentages, malgré une participation en nette hausse.

Causes étrangères et endogènes

Que la dynamique d’union des forces de gauche n’ait pas permis à la bannière du nouveau Front populaire de profiter d’une dynamique électorale suffisante pour réduire l’écart avec le RN, voire le dépasser, s’explique par des facteurs exogènes et endogènes.

Parmi les raisons étrangères à la gauche se trouvent la manière dont Emmanuel Macron a imposé ces législatives, avec un calendrier extrêmement resserré, et celle dont les médias ont animé le débat prétendument démocratique. La campagne a tourné autour de tout, sauf des programmes, avec des journalistes obsédés par la question de l’incarnation du NFP et de la personnalité d’un(e) probable Premier(e) ministre. Cette pratique pseudo-journalistique n’a laissé, comme temps de parole aux candidats de la gauche rassemblée, que de quoi s’expliquer sur telle polémique ou telle calomnie (les accusations d’antisémitisme par exemple) et à peine quelques secondes par interview pour mettre en valeur les propositions, portées sur le terrain et au niveau national.

En miroir, le RN a bénéficié d’une exposition médiatique particulièrement complice de la part des médias à la solde du capital, bien au-delà des seuls titres appartenant à Vincent Bolloré. Leurs candidats, dont certains condamnés pour incitation à la haine raciale à l’inverse de toutes celles et tous ceux du NFP, se sont vus dérouler un tapis rouge pour déverser leurs éléments de langage bien préparés. Les abominations comme l’attaque insensée contre l’ancienne ministre socialiste de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, accusée d’avoir abîmé l’école parce que binationale (Franco-Marocaine) à moins de 72 heures du vote, n’ont pas particulièrement ému les éditorialistes de plateaux.

Que le système politico-médiatique ne favorise ni le débat d’idées, ni nos idées, n’est pas une surprise même si ses méthodes s’appliquent toujours plus férocement. Aussi, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur les causes endogènes, c’est-à-dire propres au nouveau Front populaire, à ses composantes et à leurs représentants eux-mêmes, dans les résultats insatisfaisants du 30 juin.

Guerre fratricide

Trop longtemps, les forces de gauche se sont tirées dans les pattes pour qu’une coalition presque spontanée, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, puisse apparaître aux yeux de nombreux électeurs comme un rassemblement sincère plutôt que comme une tentative désespérée de gagner ou garder des sièges d’élus.

La guerre fratricide à gauche, menée tantôt par une composante contre une autre, tantôt par l’autre contre l’une, exprimée fortement dans la campagne européenne où quatre listes principales ne cherchaient qu’à se démarquer l’une de l’autre, aura fait bien des dégâts. Un jour, les insoumis accusaient Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste, de préparer les esprits à la guerre. Un soir, Léon Deffontaines, tête de liste communiste, reprenait les termes de nos adversaires pour dénoncer la prétendue ambiguïté sur l’antisémitisme de la France insoumise. Les écologistes avaient refusé la main tendue de LFI pour constituer une liste d’union aux européennes, qu’ils auraient menée, et leur score en nette baisse les a amenés à se mordre les doigts.

Mais quand, le 9 juin, après que l’extrême-droite française ait réalisé son meilleur score électoral depuis la Libération, Emmanuel Macron a décidé d’imposer des élections législatives et une campagne-éclair de deux semaines entre le dépôt des candidatures et le scrutin, la menace fasciste a sauté aux yeux des dirigeants de la gauche.

C’est pourquoi, après trois jours et trois nuits de tractations intenses, le nouveau Front populaire a pu voir le jour, jeudi 11 juin avec un accord et vendredi 12 juin avec un programme rendu immédiatement public. Un travail considérable avait abouti à des pratiques partagées et un accord de législature, valant programme de gouvernement. La guerre fratricide était-elle derrière nous, au moins le temps de la campagne ? Même pas…

Terrible feuilleton

Le soir même du 12 juin, par un communiqué tombant comme un couperet, la direction nationale de LFI annonça ne pas reconduire l’investiture de plusieurs députés sortants, sanctionnés pour avoir été trop proches de François Ruffin et de la logique unitaire transpartisane. Premier coup de canif dans les accords du NFP.

Le lendemain, les cinq parlementaires sanctionnés annoncèrent d’une même voix qu’ils présenteraient leurs candidatures, avec ou sans le logo LFI ou NFP. François Ruffin et Clémentine Autain leur apportèrent leur soutien. Une candidate, ancienne collaboratrice de Raquel Garrido – l’une des cinq sanctionnés – se présenta dans la circonscription d’Adrien Quatennens, protégé de Jean-Luc Mélenchon et réinvesti en vertu des accords du 11 juin. Le feuilleton ne faisait que commencer, et nous vous épargnerons les détails.

Voyant les oppositions se cristalliser autour de la figure tutélaire de Jean-Luc Mélenchon, non seulement dans le cadre du nouveau Front populaire mais aussi au sein même du groupe LFI sortant, nos ennemis de classe médiatiques et politiques se frottèrent les mains, salivant d’avance. Ils tendirent le piège de la question de l’incarnation, obligeant les représentants du NFP à prendre position sur telle ou telle hypothèse de nomination à Matignon ; beaucoup des responsables de gauche sautèrent dedans à pieds joints.

Contrairement aux accords électoraux du 11 juin, qui indiquaient que le Premier ministre serait issu des rangs du groupe majoritaire, Olivier Faure et Marine Tondelier défendirent, aux micros de médias hostiles, un vote entre tous les députés NFP pour désigner le potentiel chef du gouvernement, après le 7 juillet et l’hypothétique victoire électorale de la coalition de gauche. De son côté, Jean-Luc Mélenchon exprima son désir de gouverner.

Les résultats du 30 juin

Par l’image, certes déformée mais ayant une réalité objective sur laquelle nous avons prise, que nous avons renvoyée de nous-mêmes, nous avons valorisé ce qui nous divise plutôt que ce qui nous unit. Plus cela se poursuivait, plus l’accord scellant le nouveau Front populaire paraissait insincère – alors qu’il était et demeure une coalition honnête.

De plus, nous n’avons pas pris la mesure de la gravité de la situation, qui ne permettait pas seulement de défendre un bon programme mais qui comportait surtout le danger de la prise du pouvoir par l’extrême-droite, plus que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce titre, pour faire gagner notre coalition et notre programme, il ne fallait pas hésiter à tirer la campagne vers le centre, pour trouver grâce aux yeux de la majorité de Françaises et de Français qui ne se considèrent pas « de gauche » et qu’il nous faut pourtant aller chercher pour gagner une élection, de surcroît lorsque celle-ci inclut un taux de participation historiquement élevé. Nous aurions pu achever le bloc macroniste, il a survécu plus que de raison – insuffisamment, bien sûr, pour maintenir Gabriel Attal à Matignon, mais suffisamment pour empêcher le nouveau Front populaire d’arriver en tête des résultats nationaux le 30 juin.

Intéressons-nous aux résultats du 30 juin pour la gauche, justement. Au total, 32 députés NFP, parmi lesquels Manuel Bompard, Sandrine Rousseau, Olivier Faure et Elsa Faucillon, ont été élus ou réélus dès le premier tour, ce qui est honorable mais inférieur aux 39 du RN et ses alliés (une proche de Ciotti, un venant de Reconquête). Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, a été éliminé par la victoire du RN dès le premier tour dans sa circonscription. 405 candidats NFP étaient, dimanche soir, en mesure de se maintenir au second tour, mais 130 se sont retirés en vertu du Front républicain pour battre, dans les urnes, le Rassemblement National et lui barrer la route gouvernementale d’une majorité à l’Assemblée nationale.

« Eux ou nous »

S’il y a davantage consensus à l’intérieur du nouveau Front populaire pour le désistement des candidats arrivés en troisième position, dans une circonscription présentant un danger d’élection du RN, en faveur d’un candidat centriste ou de droite, il est à noter que la même clarté a considérablement manqué au camp présidentiel, et plus encore au parti Les Républicains qui appelle carrément à ne voter « ni pour le Front populaire, ni pour le RN » – lui permettant ici de ne pas exclure, d’emblée, une potentielle coalition de gouvernement avec l’extrême-droite.

Néanmoins, et nous nous concentrons désormais sur les motifs propres à notre camp qui nous font craindre le pire, le discours au soir du 30 juin était radicalement différent entre une Marine Tondelier appelant sans réserve à un « nouveau Front républicain » pour empêcher le RN d’exercer le pouvoir, et un Jean-Luc Mélenchon défendant bec et ongles le programme du nouveau Front populaire comme seule alternative à un gouvernement d’extrême-droite.

Il me semble, et j’emploie à escient la première personne car la discussion a lieu dans les rangs mêmes d’Infoscope – et débattre respectueusement est une pratique saine et vitale pour tout collectif – que Jean-Luc Mélenchon se trompe quand il prétend, après le 30 juin, que ce sera « eux ou nous », dans une rhétorique sous-entendant que ce sera soit tout le RN et son programme, soit tout le NFP et son programme, sans solution intermédiaire.

Si mon cœur m’amène à toujours espérer l’application du programme de gauche, étant donné qu’avec lui, en tant qu’allocataire de l’AAH je verrais mes revenus mensuels passer de 1.000 à 1.600 euros d’ici la fin de l’été, ma raison m’ordonne de garder les pieds sur terre. Nous l’avons vu, 32 députés NFP ont été élus le 30 juin et 275 candidats NFP se présentent aux électeurs le 7 juillet. Pour arracher, à la voix près, la majorité absolue de l’Assemblée nationale, il faudrait au nouveau Front populaire l’élection de 257 de ses candidats, et l’échec d’au maximum 18 d’entre eux.

Le RN a déjà fait le plein

Cette situation délicate ne signifie pas que tout est perdu pour le NFP ni même que le RN a 100% de probabilité de devenir première force politique à l’Assemblée, bien que c’est ce qu’annoncent tous les médias mainstream. Le Rassemblement National a fait le plein de suffrages au premier tour et a très peu de réserves pour le second tour, compte tenu du faible score de Reconquête. A l’inverse, les reports de voix entre candidats défendant la République pourraient être suffisants pour retourner la situation, à la seule exception des candidats LFI qui clivent trop selon la droite et des candidats LR trop proches de l’extrême-droite pour s’assurer des voix de toute la gauche.

Il existe même une probabilité pour que le groupe RN compte moins de députés que le nouveau Front Populaire d’une part, et même du bloc de droite – si l’on considère LR allié aux macronistes dans l’hémicycle, ce qui se matérialiserait en cas de défaite cinglante de l’extrême-droite le 7 juillet. Tout dépendra de la mobilisation de l’électorat du premier tour ; si la participation au second tour est égale à celle du 30 juin, le RN aura certes progressé mais n’aura fait qu’atteindre un nouveau plafond de verre l’empêchant toujours d’arracher la majorité.

A l’heure où ces lignes sont écrites, il est pratiquement certain qu’aucune majorité absolue ne se dégagera, ne permettant donc pas au NFP d’appliquer pleinement son programme sans opérer de compromis avec des forces politiques aujourd’hui non-alliées. Qui dit compromis dit, certainement, de ne pas pouvoir mener à bien l’abolition des privilèges des milliardaires, condition sine qua non à ce que les petits revenus augmentent massivement – « le contraire de la concentration de richesses, ce n’est pas la pauvreté, c’est le partage ».

Compromis sans compromission

Sous la pression de la menace fasciste mais avançant pour conquérir l’égalité civique et sociale, la coalition de gauche sera certainement amenée à des compromis qui seraient bénéfiques pour les classes populaires de France comparés à la politique de droite, ultra-libérale et sécuritaire, d’Emmanuel Macron et Gabriel Attal et – évidemment – comparés à la politique nationaliste, libérale économiquement et ultra-autoritaire sur le régalien ou l’éducation, promise par les dirigeants du RN.

Dans l’hypothèse d’une Assemblée divisée en trois blocs, qui déjoue nos propres pronostics dans lesquels nous avons surestimé l’effondrement du bloc macroniste, les compromis des forces démocrates seraient infiniment plus souhaitables que l’exercice du pouvoir par le RN. Mais compromis ne peut et ne doit pas signifier compromission, laquelle disqualifierait pour de bon la gauche authentique dans sa prétention à gouverner et déroulerait une voie royale pour l’extrême-droite à la prochaine élection présidentielle.

Les dirigeants de gauche peuvent s’accorder sur le refus de toute compromission, mais il semble difficile pour eux de se mettre d’accord sur une logique de compromis qui, par définition, ne permettrait pas d’appliquer l’intégralité du programme du nouveau Front populaire.

D’un côté, Marine Tondelier ouvre la voie aux compromis larges pour empêcher le pire. La secrétaire nationale des Écologistes (anciennement EELV), conseillère municipale d’opposition dans la ville RN de Hénin-Beaumont depuis dix ans, sait que rien n’est pire que l’extrême-droite aux affaires et que sa prise du pouvoir nationale serait immédiatement dommageable pour des millions, si ce ne sont des dizaines de millions de personnes des classes populaires, poursuivies pour être trop engagées, trop syndiquées, trop étrangères, trop métissées, trop différentes de la norme nationaliste. Elle a raison quand, les larmes aux yeux, elle réplique à Bruno Le Maire qui vient d’exposer sa position lâche du « Ni-Ni » qu’il fait partie des quelques privilégiés qui n’ont pas à s’inquiéter de l’arrivée au pouvoir du RN, à l’inverse de la grande majorité de la population française.

L’expérience de 1936

De l’autre côté, Jean-Luc Mélenchon et les forces vives de la France insoumise se positionnent comme les garants ultimes du programme du nouveau Front populaire, de ce contrat de législature devenu à leurs yeux alpha et oméga de ce que doit absolument faire la gauche, quelle que soit la configuration parlementaire à partir du 8 juillet prochain. Nous avions déjà eu le même phénomène à l’égard de l’Avenir en Commun, le programme insoumis aux élections de 2017.

Ce positionnement relève, à mes yeux, d’une contradiction fondamentale pour une gauche populaire qui considère que les échéances électorales et les programmes présentés à ces occasions doivent, en toute hypothèse, prédominer et guider le mouvement politique d’émancipation des travailleurs, et par extension l’ensemble du mouvement social.

Quand, en 1936, le Parti communiste français a obtenu la victoire du Front Populaire aux législatives, après avoir poussé la SFIO de Léon Blum à accepter de mettre le Parti Radical dans la boucle de la coalition de gauche pour s’assurer un maximum de chances de réussir, ce n’était pas dans le but final d’exercer les responsabilités institutionnelles. D’ailleurs, le PCF n’a pas participé au gouvernement en 1936 et se contentait d’être une composante solide mais exigeante de la majorité parlementaire. Par contre, dans une CGT réunifiée sous la menace fasciste et dirigée essentiellement par des communistes, le mouvement ouvrier s’est mis en dynamique pour transformer l’essai et développer un mouvement de masse de grèves généralisées et d’occupations de locaux d’entreprises, pour arracher cinq semaines après la victoire électorale, les accords de Matignon où seront scellées des grandes conquêtes sociales comme la semaine de 40 heures, les conventions collectives, les libertés syndicales et les congés payés – le tout allant bien plus loin que l’accord initial, programmatique et parlementaire, du Front populaire.

Le facteur déterminant

En partant d’un programme convenu en trois jours et trois nuits entre les forces de gauche, comme boussole de ce que doit incarner et conquérir le nouveau Front populaire et les classes exploitées et opprimées de la France du XXIème siècle, je me risque à dire que Jean-Luc Mélenchon prend le problème à l’envers de l’histoire. Plutôt que de compter sur la mobilisation populaire par un mouvement national de grève reconductible et interprofessionnel, le dirigeant insoumis compte sur la mobilisation civique de l’électorat pour opérer le bon choix au bon moment et faire preuve d’exigence vis-à-vis des élus de la démocratie représentative.

La stratégie de Jean-Luc Mélenchon, singulièrement depuis la naissance de la France insoumise en 2016, a manqué de considération pour les organisations syndicales et surestimé la capacité des électeurs à faire les bons choix le jour fatidique du vote. Puisqu’il ne peut pas se mettre le peuple à dos, et qu’il n’en éprouve honnêtement pas la moindre intention, le multiple candidat à l’élection présidentielle a renvoyé la responsabilité de ses échecs à ses concurrents qui, à gauche, l’auraient empêché d’accéder au second tour, lequel aurait forcément été remporté à en croire les aficionados insoumis. Bien que cela parte d’une sincère exigence vis-à-vis de lui-même, Jean-Luc Mélenchon surestime l’exigence de l’électorat envers ses élus et sous-estime l’exigence dont les classes populaires doivent faire preuve vis-à-vis d’elles-mêmes, par un engagement massif et personnel du grand nombre dans le rapport de forces qui se joue sur le terrain des luttes. Ce dernier élément est pourtant le plus grand déterminant à l’obtention de conquêtes populaires, l’analyse théorique objective de toutes les pratiques sociales passées nous le démontre.

Cette dissonance entre la France insoumise et les autres composantes principales du nouveau Front populaire, prêtes à gouverner par compromis avec une partie du bloc de droite pour éviter à toutes et tous d’avoir à expérimenter le pire, peut conduire à une nouvelle forme de guerre fratricide. Dans l’hypothèse, très probable, d’une absence de majorité absolue et d’une fracturation de l’Assemblée nationale en trois blocs à compter du 8 juillet, s’opposeront à gauche les responsables prêts à négocier un front républicain parlementaire voire gouvernemental et les responsables attachés au contrat programmatique de législature signé par le nouveau Front populaire le 11 juin, quitte à acter l’ingouvernabilité de la France.

La suite logique pourrait être, chez les seconds, la demande officiellement formulée à Emmanuel Macron de démissionner pour provoquer une élection présidentielle anticipée, l’entourage de Jean-Luc Mélenchon lui répétant à l’envi qu’il est en capacité de gagner une telle élection – là où les grandes chances de Marine Le Pen, en cas de démission et de campagne aussi précipitées que l’ont été la dissolution et le scrutin législatif, représenteraient de facto un énorme risque pour la démocratie et les classes populaires française.

Soyons exigeants

Au-delà des grandes suppositions, parfaitement incertaines, que je formule dans ce long éditorial, une certitude m’anime. Le nouveau Front populaire ne pourra pas gouverner seul et il faudra une mobilisation sur le terrain de toutes les forces vives, de celles et ceux qui subsistent par un trop maigre revenu gagné à la sueur du front, au moins pour résister à la déferlante nationaliste, au mieux pour arracher des améliorations concrètes comme le redéploiement des services publics, l’augmentation générale des salaires et la réduction du temps de travail dans la semaine, dans l’année ou dans la vie.

Il faudra au nouveau Front populaire et à l’ensemble de ses parties prenantes, à la fois politiques et syndicales ou associatives, éviter toute compromission forcément avantageuse au RN et toute surestimation de nos capacités à influer sur le cours de l’histoire en l’absence de mouvement de masse solidement enraciné. Il faudra donc, certainement, un Front républicain dans les institutions, à commencer par le Parlement, s’il se confirme qu’il est la moins pire des hypothèses de gouvernance de l’État, et la poursuite d’un Front populaire sur le terrain pour obliger nos responsables politiques justement à la responsabilité, en faisant montre d’une exigence dans notre propre solidarité de classe égale à celle éprouvée par nos aïeux pour ouvrir la voie à des jours meilleurs.

Crédits photo : Parti socialiste – CC 2.0 usage à des fins non commerciales

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