Aide alimentaire : le gouvernement Macron baisse de 8 millions d’euros les dotations au cœur de la crise

Les associations d’aide alimentaire n’en reviennent pas.

En période de confinement, les Restaurants du Cœur constatent une augmentation de 30% de la demande d’aide alimentaire, tandis que le Secours Populaire Français (SPF) précise que 45% des personnes aidées en 2020 étaient jusque là inconnues de l’association.

Et pourtant, le gouvernement Macron-Castex et sa majorité parlementaire ont décidé de baisser de 11% le budget alloué à l’aide alimentaire, soit une diminution de 8 millions d’euros de l’enveloppe totale qui passera de 72 millions en 2020 à 64 millions en 2021. « Des centaines de milliers de personnes sont passées d’une situation critique à une situation catastrophique », alertent le SPF, les Restos du cœur, la Croix-Rouge et la Fédération des banques alimentaire dans un communiqué commun.

Toujours selon le Secours Populaire, 1 Français sur 3 a subi une perte de revenus depuis le début de la pandémie, d’après le baromètre de la pauvreté réalisé par l’Ipsos pour l’association, tandis que la peur de basculer sous le seuil de pauvreté monétaire concerne aujourd’hui une majorité absolue de Français.

Dans ce contexte, la décision du gouvernement est d’autant plus indécente que Macron a annoncé débloquer des centaines de milliards d’euros pour faire face à la crise. Si certains députés ou ministres LREM s’aventurent à expliquer que 2021 sera, du point de vue de l’urgence alimentaire, moins grave que 2020, ce discours est contredit par les associations de terrain. « On est dans une situation qui va durer, au-delà de la crise sanitaire (…) C’est un basculement durable dans la pauvreté » indique Louis Cantuel, responsable des relations institutionnelles aux Restos.

Aux quatre coins de la France, comme ici la Banque alimentaire dans le Pas-de-Calais, les associations en première ligne pour pallier aux manques manifestes de l’État se préparent à voir affluer davantage de personnes le ventre creux durant ce deuxième confinement, alors que les stocks de denrées alimentaires ont drastiquement diminué dans leurs modestes entrepôts. Au printemps dernier déjà, certaines branches locales du Secours Populaire Français se déclaraient « au bord de l’asphyxie ».

Dernière inquiétude pour les associations : le manque de bras pour assurer la distribution alimentaire, la plupart des tâches étant assurées par des bénévoles. Or ceux-ci sont pour beaucoup âgés, et ne peuvent pas prendre le risque de contracter le Covid. Ces forces vives ne peuvent pas être remplacée par des salariés, faute de budget au sein des associations.

Les économies de bouts de chandelles imposées par le gouvernement macroniste aux associations d’aide alimentaire contrastent avec les cadeaux aux plus riches, notamment les réformes de la fiscalité, de la fin de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) à l’instauration du Prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux fixe – et non progressif – sur les revenus du capital.

Jusqu’au bout, Emmanuel Macron, ses ministres et députés auront assuré leur service commandé par la classe capitaliste, quitte à être, aux yeux des travailleurs de France, marqués pour toujours du sceau de l’infamie.

Benoit Delrue, le 9 novembre 2020