450 postes supprimés au groupe Printemps : une fois de plus, le Covid a bon dos

Travailler dans le secteur du luxe ne préserve pas des licenciements collectifs. C’est l’amère expérience que vont faire plusieurs centaines de salariés du groupe Printemps, lequel a annoncé la fermeture de sept magasins – ceux du centre Italie 2 à Paris, du Havre, de Strasbourg et de Metz, ainsi que les enseignes Citadium à Paris, sur l’avenue des Champs-Elysées et la place de la Nation, et à Toulon.

Comble de l’histoire : la direction du groupe appelle cette restructuration plan de relance pour assurer la pérennité de ses activités“, barbarisme de la novlangue capitaliste après que les plans de licenciements collectifs se soient transformés, non dans les faits mais dans les têtes, en “plans sociaux” puis même “plans de sauvegarde de l’emploi” (PSE).

Quatre cent cinquante – 450 emplois seront ainsi supprimés à court terme, soit 15% des 3.000 “collaborateurs (sic) du groupe de luxe qui se vante d’attirer chaque année 60 millions de visiteurs sur les quelque 170.000 mètres-carré de sa surface commerciale.

Officiellement, le groupe annonce qu’il a dû faire face à “plusieurs crises” dont “les grèves, le mouvement des Gilets Jaunes” et celle du Coronavirus. Les grèves, responsables des licenciements ? C’est en tout cas ce que veut faire croire la propagande néolibérale en inversant la responsabilité, portée ici sur les épaules des nombreux travailleurs et non sur celles des quelques capitalistes avides de profits.

Pour preuve, le même groupe Printemps a vu son chiffre d’affaires bondir de 30% en 2011 à 1,45 milliards d’euros et son résultat opérationnel doubler la même année, le tout alors qu’un plan de restructuration supprimait 986 postes au sein de l’entreprise.

Magasin Printemps du boulervard Haussmann à Paris, décrit comme le “navire amiral” du groupe.

C’est donc bien pour maximiser leurs profits que décident d’un tel plan les actuels propriétaires du groupe Printemps. Qui sont ces derniers ? Des investisseurs qataris” réunis sous la bannière Disa, qui ont racheté en 2013 l’enseigne phare du luxe moyennant 1,6 milliard d’euros.

Ces dirigeants, qui maintiennent un écran de fumée pour ne pas faire connaître publiquement leur identité exacte, ont précisé que “l’information-consultation” dudit “plan de relance” n’avait même pas encore été lancée auprès des salariés, mais que les fermetures de magasins pourraient s’étaler jusqu’en janvier 2022“, soit une cessation des activités à marche forcée pour ces établissements dans les quatorze mois à venir. Autant dire qu’il n’est pas question d’un “plan de départs volontaires” mais bien de licenciements secs et sans appel.

Une porte-parole des actionnaires qataris, citée mais non nommée par Le Monde se basant sur une dépêche AFP, a précisé que le groupe était “dans le rouge” depuis 2016, avec des ventes “en recul de 17% sur les cinq dernières années” bien qu’elles aient atteint 1,7 milliard d’euros en 2019.

Si l’épidémie de Covid a fait que “les boutiques de luxe se languissent de leur clientèle étrangère“, comme le titrait Le Monde cet été, elle masque mal le fait que le plan de restructuration était dans les tiroirs depuis des années, couplant “prédation financière et dévastation sociale indiquait Martine Orange au moment de la vente du groupe, en 2013, dans un article de Mediapart intitulé “Printemps : au bonheur du grand capital“, comme un écho au roman d’Emile Zola dont l’happy-end tranchait avec la réalité harassante de la condition ouvrière du secteur du textile et de la vente.

Benoit Delrue, le 11 novembre 2020

Une réflexion sur “450 postes supprimés au groupe Printemps : une fois de plus, le Covid a bon dos

  • 11 novembre 2020 à 11h17
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    Excellent état des faits il est en effet curieux de constater que les actionnaires touchent toujours des diventes et que parallèlement les directions pleurent en évoquant les événements qui possiblement explquent ces décisions plans social ,restructuration,rt autres drpart volontaire (désigné d’office )avec des pressions ou des promesses dun avenir meilleur a des salariés fragilisés isolés grace au confinement et au chomage partiel situation qui arrange la dtion et qui evite des mouvements de contestation la periode est bien choisie

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