Pentagone, arme nucléaire : Jusqu’où Donald Trump peut-il aller avant de céder le pouvoir ?

Le premier épisode de la série d’anticipation britannique Years and Years, diffusé en 2019 sur la BBC, avait pour final l’explosion d’une bombe atomique envoyée par les États-Unis au terme du second mandat de Donald Trump. La réalité pourrait-elle prendre de court la fiction ?

Sans sombrer dans le catastrophisme, le pouvoir de nuisance dont dispose le 45ème Président des États-Unis jusqu’à ce qu’il quitte la Maison Blanche inquiète outre-Atlantique. Depuis l’annonce, par l’ensemble des médias américains sur la base du dépouillement de la quasi-intégralité des bulletins de vote, de la victoire du démocrate Joe Biden, l’imprévisibilité de Donald Trump a passé un nouveau cap.

En effet, il a coup sur coup limogé Lisa Gordon-Hagerty, jusqu’alors directrice de l’Administration de la sécurité nucléaire nationale (NNSA) et Sous-secrétaire de l’Énergie pour la sécurité nucléaire, le 6 novembre, puis le chef du Pentagone et ministre de la Défense Mark Esper le 9 novembre, avec qui les relations étaient “tendues depuis que [M. Esper] s’est opposé publiquement en juin au déploiement de l’armée pour réprimer les manifestations antiracistes dans le pays” indique Le Figaro.

La première a été remplacée par William Bookless, maintenant en charge de la NNSA qui supervise la flotte étasunienne d’armes nucléaires note Reuters, tandis que le second a été contraint à la démission au profit de Christopher Miller, qui “va faire un SUPER travail (“Chris will do a GREAT job !“) selon un Tweet de Donald Trump lui-même. Christopher Miller, jusqu’alors directeur du centre national de contre-terrorisme, est le cinquième chef du Pentagone sous Donald Trump.

Infographie réalisée par ICAN, Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires

Le 9 novembre, alors que l’annonce du limogeage de Mark Esper venait de tomber, Michael Moore faisait part de ses inquiétudes : “Je veux dire, je suis sûr que ce n’est rien, juste une coïncidence, que vendredi le chef de l’agence américaine des armes nucléaires (Lisa Gordon-Hagerty) a démissionné, et aujourd’hui le chef de la défense des États-Unis (Mark Esper) a été licencié par Trump” (“I mean, I’m sure it’s nothing, just a coincidence, that on Friday the head of the US nuclear weapons agency (Lisa Gordon-Hagerty) resigned, and then today the defense chief of the US (Mark Esper) was fired by Trump“).

Et le réalisateur originaire de Flint (Michigan) de conclure : “Ce n’est pas comme si Trump essayait de leur faire faire quelque chose qu’ils refusaient de faire, non ? Oufff” (“It’s not like Trump was trying to get them to do something they were refusing to do, right? Phew“).

Cent deux ans jour pour jour après l’armistice de la Première Guerre mondiale, la paix demeure une chose fragile et les multiples conflits militaires et courses à l’armement aux quatre coins de la planète, comme ces dernières semaines dans le Haut-Karabagh, prouvent que la cause pacifiste reste un combat d’actualité.

Si aucune illusion concernant le président-élu démocrate ne peut être nourrie, Joe Biden ayant soutenu la guerre en Irak en 2002-2003 et semblant respecter la tradition belliqueuse des États-Unis d’Amérique qui exportent leur vision de la démocratie à coups de bombes, un soupir de soulagement pourra néanmoins être poussé lorsque le pouvoir de nuisance de Donald Trump sera considérablement réduit par son départ du Bureau ovale.

Benoit Delrue, 11 novembre 2020

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