Les manipulations de Macron et le déluge qui nous attend

Dans le “nouveau monde” macronien, le Président de la République se révèle instrument des grandes fortunes “et en même temps” manipulateur de l’espace politique. Emmanuel Macron met en scène une farce tragicomique soit dans le but d’être réélu, soit dans celui de servir “quoi qu’il en coûte” les puissances capitalistes.

Fausse colère et dédouanement

Si le chef de l’État affectionne un exercice en particulier, c’est celui de la scénographie. L’art de mettre en place un décor et d’y faire jouer des acteurs, conscients ou inconscients de la mascarade, forme l’arme principale de la Macronie.

Dimanche 3 janvier 2021, Macron feint une colère noire, à propos de la lenteur de la vaccination en France, dans le Journal du Dimanche (JDD) : “Nous sommes sur un rythme de promenade en famille, et ce n’est à la hauteur ni du moment, ni des Français”. “Moi je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit, a martelé le président de la République lors d’échanges téléphoniques avec des interlocuteurs de tous horizons. Et j’attends de tous le même engagement. Or là, ça ne va pas […]. Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort”, ces propos tenus en privé ayant été volontairement “fuités” par l’entourage du Président.

Prendre pour argent comptant cette soufflante s’avère, chez les observateurs avertis du débat public, une faute majeure ou un moyen de nourrir le leurre permanent. Qui décide du déploiement du vaccin contre le Covid-19 en France, si ce n’est Macron lui-même, qui s’enferme régulièrement entre les quatre murs imperméables du Conseil de Défense pour gérer la crise sanitaire ? Qui concentre les pouvoirs politiques sous la Vème République, réduisant les ministres à des subordonnés et les députés à des godillots ?

Sauf à avouer que le pouvoir politique ne vaut rien face au pouvoir de l’argent, ce devrait être contre lui-même que monsieur Macron s’énerve de la sorte. D’ailleurs, malgré toutes les directives contradictoires sorties des ministères qui disqualifieraient les donneurs d’ordres dans une authentique démocratie, le chef de l’Etat n’a désigné aucun bouc émissaire – et les actuels ministres de la Santé, de l’Intérieur ou de l’Éducation restent en poste. Mieux : il continue de noyer le poisson de sa propre responsabilité en la dissolvant dans celle de trente cinq Français “tirés au sort” pour suivre la campagne vaccinale, une carte tirée d’un chapeau qui ne fait plus effet auprès des citoyens, après les revers cuisants du “grand débat” consécutif à la crise des Gilets Jaunes, comme de la convention citoyenne pour le climat dont la plupart des mesures passeront à la trappe.

Ratisser large en noyant le fond

En agissant de la sorte, en niant ses propres responsabilités et en se positionnant comme un agitateur de l’opposition, le chef de l’État se fout littéralement de la gueule des Français – l’expression est loin d’être aussi vulgaire que le principal protagoniste de cette farce. Ce faisant, monsieur Macron veut ratisser large, chez les pro- et les anti-vaccins, chez les pro- et les anti-Raoult, chez la gauche caviar et la droite réactionnaire, polluant le débat public de ses gesticulations qui, à côté d’elles, font passer Nicolas Sarkozy pour un parangon de calme et de sagesse.

La mise en scène macronienne se montre au grand jour également par les allocutions officielles de monsieur Macron à l’Élysée, par un biais qui amuse quelques “Twittos” et agace massivement les autres : l’écriture “en direct” de ses paroles, par une dactylographe qui semble avoir toutes les peines du monde à suivre le rythme présidentiel. Cet enrobage du discours ne trompe, là non plus, les observateurs rompus à l’usage de la politique. Toutes les allocutions du Président de la République, depuis celles du mois de mars, ont été enregistrées avant leur diffusion ; dans toutes ces allocutions, le chef de l’État lit son discours sur un prompteur placé à l’arrière de la caméra.

Dès lors, pourquoi cet exercice, non synchronisé avec la voix, aussi pénible pour celle qui le pratique que pour ceux qui regardent l’allocution, si ce n’est – à nouveau – pour embrouiller les esprits, pour faire croire qu’il est capable de réciter un long discours par cœur sans que sa langue ne fourche, pour que le spectateur s’attarde moins sur le fond, le contenu de ses propos que sur la forme et le décor ?

Rejouer l’infernal duo

De barrage face à l’extrême-droite dans le débat public, monsieur Macron se mue en tremplin de la droite radicale dans les actes, autant par la collusion avec des figures de ce que la France compte de plus réactionnaire, que par la politique menée, notamment place Beauvau par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

En 2020, après avoir appelé le condamné multirécidiviste Éric Zemmour pour l’assurer de son soutien, le Président de la République a envoyé l’un de ses plus proches collaborateurs, Bruno Roger-Petit, qui fut son porte-parole à l’Élysée avant de devenir “conseiller mémoire”, dîner avec Marion Maréchal Le Pen.

Monsieur Roger-Petit, ancien journaliste surnommé “Opportuniste odieux” du temps où il était au PS, et qui attaqua férocement Mediapart pour défendre Jérôme Cahuzac quand furent révélés les comptes en Suisse du ministre du Budget par le journal en ligne, n’a pas agi dans le dos, sans l’aval du chef de l’État ; cette entrevue avait pour but à la fois de connaître les intentions électorales de la nièce de Marine Le Pen, et de mesurer les thèmes chers à l’extrême-droite pour les récupérer, dans une double tendance d’autoritarisme renforcé de l’État et de son arsenal répressif sous Macron ainsi que de mise en valeur des thèses réactionnaires dans le débat public français, pour rejouer devant les Français le duel factice et infernal duo entre l’ultra-libéralisme et l’ultra-conservatisme.

Marionnettiste et pantin

Si Macron joue un rôle des plus déterminants sur la vie politique française, il n’en est pas moins lui-même la marionnette de ses très riches commanditaires. Ainsi, alors candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron dînait au moins une fois par semaine chez l’homme le plus riche de France, Bernard Arnault. Ce dernier, via sa propriété Le Parisien-Aujourd’hui en France, l’un des quotidiens les plus lus dans l’hexagone, a activement fait la promotion de son ami Macron, tout comme Arnaud Lagardère avec Europe 1 et Paris Match, Patrick Drahi avec BFMTV et Libération, Martin Bouygues avec TF1, etc.

Ce marche-pied exceptionnel que constitue la publicité à une échelle de masse, profitant de la sorte à Emmanuel Macron, rend ce dernier redevable vis-à-vis des capitalistes qui l’ont littéralement placé à l’Élysée. En ce sens, le Président de la République est effectivement dépassé par les intérêts capitalistes et monopolistiques privés, et dans la mauvaise farce politicienne qu’il met en scène depuis bientôt quatre ans, il n’oublie jamais de rendre service aux puissances de l’argent, à coups de déréglementation du travail par le rabotage des droits des salariés et des indépendants ou à coups de milliards d’euros versés par l’État sans contreparties aux multinationales, propriétés… des mêmes qui détiennent la presse libérale.

Pour conclure, tout comme la haute bourgeoisie industrielle et financière, qui ne souffrirait ni d’une réélection de Macron ni de la prise du pouvoir par Le Pen tante ou nièce, l’actuel Président de la République sera gagnant quoi qu’il en soit : après sa fulgurante carrière publique, il pourra se recycler comme conférencier et administrateur de très grandes entreprises, intégrant pour de bon la classe dominante française et mondiale, quitte à pratiquer la politique de la terre brûlée, faisant place à un déluge autoritaire contre les travailleurs de France, ne leur laissant en bouche qu’un goût de cendres.

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