L’armée russe entre en Ukraine : La guerre commence – mais nous ne sommes pas impuissants
[Mise à jour du 24 février 2022]
L’armée russe a lancé, dans la nuit de jeudi, une gigantesque offensive contre l’Ukraine
Alors que 150.000 soldats russes et 30.000 biélorusses stationnaient aux frontières de l’Ukraine, une grande offensive militaire a été lancée depuis le Kremlin contre l’Ukraine toute entière. D’abord aériennes, les opérations ont consisté en des bombardements à Marioupol et Odessa – deux villes sur le littoral de la mer Noire – Kramatorsk et Kharkiv – deux villes de l’Est ukrainien hors des territoires séparatistes du Donbass – ainsi que Dnipro, dans le centre du pays et enfin Kiev, la capitale, plus à l’Ouest encore et où l’électricité était massivement coupée dans le centre-ville.
L’espace aérien civil a été suspendu en Ukraine tandis qu’une réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, en présence de représentants de l’Ukraine et de la Russie qui préside actuellement l’instance, s’est tenu très tôt dans la journée du jeudi 24 février. Au-delà de l’annexion des républiques autonomes de Lougansk et Donetsk, dans le Donbass, c’est l’ensemble de l’Ukraine qui est visée par Vladimir Poutine qui entend, selon ses termes, “démilitariser” et “dénazifier” le pays.
Première réserve d’uranium d’Europe
Il nous faudra observer avec attention les derniers développements de cette guerre dans un pays à 2.500 kilomètres de Paris, première réserve européenne de minerais d’uranium, deuxième de titane, de manganèse, de fer et de mercure. La volonté de Moscou d’annexer l’ensemble de cette nation d’une superficie de plus de 600.000 km² – plus vaste que la France – ne fait plus de doute. Les réactions de l’Élysée et de la Maison-Blanche seront à scruter de près pour déterminer quel soutien recevra Kiev et jusqu’où mènera l’engrenage d’un conflit qui ne pourra se régler, aujourd’hui ou après de longues nuits de massacres, que de façon diplomatique.
[Article original du 21 février 2022]
La reconnaissance de l’indépendance des républiques autonomes de Donetsk et Lougansk par Vladimir Poutine, lundi soir 21 février, a pour corollaire son soutien militaire soit, en plus d’un soutien logistique qui existe de toutes façons depuis huit ans, l’entrée de l’armée russe dans le Donbass. Selon les informations qui nous parviennent à l’instant, c’est déjà fait : M. Poutine ordonne, par la voie de deux décrets proclamés tard dans la soirée de lundi, à l’armée russe de “maintenir la paix” dans les territoires séparatistes prorusses d’Ukraine dont il a reconnu l’indépendance.
Manœuvres autour d’une poudrière
Pour avoir suivi l’allocution-fleuve du président russe en direct, il apparaît clairement qu’il a acté l’adhésion de Kiev à l’OTAN comme suite logique de la violation des accords de Minsk, soit l’expansion militaire américaine jusqu’aux frontières de la nation qu’il dirige et que cela étant acté, les États-Unis et la Russie sont de facto nations ennemies. Voilà pour les motivations officielles, véridiques et en partie légitimes de M. Poutine.
L’engagement militaire de la Russie dans le Donbass découle d’une volonté claire du président Poutine d’annexer, dès moyen-terme, les républiques autonomes de Lougansk et Donetsk pour verrouiller cette région encore hier ukrainienne, dont les richesses – notamment les gisements de minerais et métaux rares – sont précieuses, dans le giron de Moscou.
L’armée russe allant à la rencontre de l’armée ukrainienne, qui elle-même pilonne depuis quelques jours et nuits la région du Donbass, l’armée étasunienne viendrait au secours de Kiev sans attendre. Là encore, cela agirait comme la suite logique des mises en garde de l’administration US et de Joe Biden lui-même, dont la propagande de guerre aura allumé depuis Washington une mèche en direction de la poudrière ukrainienne.
Chacun d’entre nous peut jouer un rôle pour la paix
Nous savons comment les guerres commencent mais jamais avant leur terme comment elles peuvent finir, jusqu’où iront les répercussions et les massacres.
La classe ouvrière française et internationale, qui paye toujours le prix des conflits impérialistes, n’a strictement aucun intérêt à ce que Paris joue les supplétifs de l’armée étasunienne et vienne à son tour mettre le doigt dans l’engrenage fou d’une guerre mondiale.
De ce fait, la France doit impérativement et sans attendre se désengager de l’OTAN pour envoyer un signal fort en direction de la paix.
Tel doit être le mot d’ordre de tous les pacifistes de France. La mobilisation populaire de chacun d’entre nous peut amoindrir les conséquences de la guerre et faire en sorte que celle-ci trouve une issue rapide.
Ce n’est pas en apportant au concert des tirs de missiles le son des canons français que cette issue sera davantage positive pour les travailleurs de France. Aussi il faut explorer tous les chemins possibles menant à une paix durable en refusant tout convoi, bien entendu de troupes françaises, mais également de matériel militaire en provenance de notre pays vers l’Est de l’Europe.
C’est au prix d’une mobilisation de toutes les forces vives, en hexagone comme ailleurs, que nous pourrons éviter le pire du pire et cela en balayant la résignation par l’optimisme de la volonté populaire en faveur de la paix, dans un mouvement par essence internationaliste.