Corruption au sommet du football mondial : un pot-de-vin de 5 millions d’euros et de la prison ferme requise pour Nasser Al-Khelaïfi

Nasser Al-Khelaïfi est à la manoeuvre dans une vaste affaire de corruption au sommet du football mondial, estime le Ministère public suisse. Vingt-huit mois de prison ferme ont été requis par le parquet helvétique contre le président qatari du Paris-Saint-Germain (PSG) et du bouquet multinational de chaînes télévisuelles BeIN Media Group, mardi 8 mars 2022, dans le cadre d’un scandale surnommé FIFAGate par la presse spécialisée.

Dirigeants qataris et français impliqués

Le tribunal pénal fédéral de Bellinzone (Suisse) juge, en appel, le dirigeant représentant le fonds souverain du Qatar (QSI), ainsi que l’ex-numéro 2 de la Fédération internationale des associations de football (FIFA), le Français Jérôme Valcke.

Contrairement au jugement en première instance, à l’automne 2020, la procureure fédérale Cristina Castellote n’a demandé aucun sursis dans la peine de prison requise à l’encontre du premier comme du second, respectivement vingt-huit et trente-cinq mois de privation de liberté. Les deux hommes ont établi un “arrangement corruptif“, a martelé la magistrate, citée par l’agence ATS-Keystone.

Une villa majestueuse en échange de droits de diffusion

En 2013, M. Valcke avait monnayé les droits de diffusion télévisuelle des éditions 2026 et 2030 de la Coupe du monde de football, pour les zones Moyen-Orient et Afrique du Nord – de puissants marchés émergents dans l’univers du ballon rond – en faveur de la chaîne BeIN, en échange d’un soutien de M. Al-Khelaïfi à hauteur de cinq millions d’euros pour l’achat personnel d’une villa par celui qui était alors secrétaire général de la FIFA.

Le Ministère public de la Confédération, qui a présenté son réquisitoire mardi 8 mars durant quatre heures avec diaporama et preuves à l’appui devant la Cour d’appel du Tribunal pénal fédéral, a abouti à l’exigence d’une peine de prison ferme pour les deux principaux protagonistes du dossier. En première instance, le parquet suisse avait requis la même peine, mais assortie d’un sursis partiel.

Une Coupe du monde entachée de sang

La Coupe du monde 2022 se tiendra en décembre prochain au Qatar, dans une édition dont l’attribution de l’organisation a également fait l’objet d’enquêtes pour corruption. Le 23 février 2021, le journal britannique The Guardian estimait que 6.500 ouvriers étaient morts sur les chantiers de construction de stades depuis 2010 et l’annonce de cette attribution au pays-hôte.

Nasser Al-Khelaïfi, ministre qatari et homme d’affaires à la tête d’une fortune estimée en 2021 à huit milliards de dollars, préside actuellement l’Association européenne des clubs et siège à ce titre au sein du comité exécutif de l’UEFA, instance officielle du football européen.

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