Privilèges
C’est une bonne journée pour l’homme le plus riche de France. Ce 19 juin 2019, la fortune de Bernard Arnault a dépassé les 100 milliards de dollars, le rapprochant de Bill Gates (106 Md $) et Jeff Bezos (119 Md $).
Avec ces quelque 89 milliards d’euros, son capital équivaut à 781.387 patrimoines médians des Français. Le patrimoine médian est un indice de l’économie réelle : 50% de la population française ont davantage, 50% ont moins. Il s’élève à 113.900 euros et stagne depuis de longues années.
Le patrimoine de Bernard Arnault, lui, ne stagne pas. Dans la seule journée du mardi 18 juin, sa fortune a gonflé de 2,88 milliards de dollars, soit 2,56 milliards d’euros. En 2019 en France, un salarié à temps plein gagnant le SMIC voit ses journées de 7 heures lui attribuer 70,21 euros bruts. Autrement dit, la journée du 18 juin de Bernard Arnault lui a rapporté 36.462.042 fois plus qu’une journée de travail au SMIC français.
Qu’est-ce qui justifie qu’un homme détienne un patrimoine 780 mille fois plus important que celui du Français moyen ? Quelle excuse pouvons-nous imaginer au fait de gagner dans la même journée 36 millions de fois plus qu’un Smicard ?
Les privilèges existent toujours dans notre pays, ils se sont simplement fondus dans le seul dieu-argent et ont été enrobés d’une idéologie en propagande constante pour faire avaler la pilule aux travailleurs modestes. Combien d’emplois pourraient être créés si l’on partageait 99% de la fortune des ultra-riches, leur laissant de quoi voir venir pour leurs vieux jours ? Combien de services publics développés, renforcés, humanisés et combien d’accès gratuits à la santé, à l’éducation, aux transports ? La vie de toutes et tous s’en trouverait améliorée et grandie.
Les nouvelles années folles qui marquent notre époque sont aussi celles de la croisée des chemins. Ces privilèges du « nouveau monde », du « monde libre », de cette planète et cette humanité écrasées toutes entières par la seule logique du marché, de la concurrence et du profit ; ces privilèges méritent d’être abolis. La crise écologique, le péril fasciste, le chômage de masse, l’incertitude pour l’avenir de nos proches et de nous-mêmes – tout cela nous a été apporté, ou plutôt imposé, malgré les formidables richesses dont notre société regorge, par le capitalisme. Le temps est venu de poser la question de son impératif et définitif dépassement.