Guerre

Novembre 2014. Emmanuel Macron, jeune ministre de l’Économie, et son conseiller pour les affaires industrielles Hugh Bailey, chapeautent le rachat par le groupe General Electric (GE) de la branche énergie d’Alstom. La direction de GE s’engage alors, par écrit, à créer 1.000 emplois nets en France. Macron s’en félicite.

Mai 2019. Macron est devenu Président de la République et Bailey directeur général de GE France. Au lendemain des élections européennes, General Electric annonce la suppression de 1.044 emplois dans le territoire de Belfort, où il est jusqu’à présent le premier employeur privé. Le groupe a procédé, depuis 2014, en tout et pour tout, à 25 embauches nettes en France. Résumons : au lieu de respecter son engagement de créer 1.000 emplois, la direction de GE a décidé de supprimer mille quarante-quatre emplois.

Mille quarante-quatre employés sont jetés au chômage, plusieurs milliers d’emplois indirects sont menacés, autant de familles écrasées, de projets brisés par la direction d’un groupe qui comptait 264.900 salariés et plus de 125 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018. Le territoire de Belfort risque de devenir un désert industriel, où les seuls établissements encore ouverts sont ceux de Pôle Emploi. Les travailleurs belfortains pourraient ne pas se relever. La décision de General Electric est un crime. Un crime dont monsieur Macron est complice.

Qui peut croire que le chef de l’État ignorait ce que préparait son ancien conseiller ? Il en était parfaitement conscient et, au lieu de travailler à empêcher ce plan de licenciement, il a préféré en décaler l’annonce, pour qu’elle n’interfère pas avec sa campagne électorale. Les turbines à gaz et à vapeur que produisent les salariés de Belfort sont une fierté, une excellence pour la classe ouvrière de notre pays, ainsi qu’un élément stratégique dans la production d’énergie, en particulier d’électricité, comme dans la transition écologique. Les dirigeants économiques et politiques s’en moquent. Excusez du franc-parler, M. Bailey s’est torché le cul avec l’accord signé en 2014, et M. Macron l’y a aidé.

Pour le marché, pour être compétitif, pour l’équilibre du groupe, les excuses ne manquent pas du côté des capitalistes propriétaires et de leurs valets dirigeants. En vérité, ceux qui décident sont ceux qui détiennent la propriété de l’entreprise à travers ses actions, et leur seule préoccupation n’est autre que leurs profits, leurs dividendes. Les capitalistes n’ont pas de patrie et leur business n’a pas de frontière : ils transfèrent la production industrielle, puis la recherche et développement, dans des pays où le travail leur « coûte » moins cher, au détriment de ceux qui se battent pour que le travail paye. Ici comme là-bas, la classe dominante du capitalisme mène la guerre aux salariés.

Il n’y a pas pire violence que la violence sourde, commise sans éclat de voix, dans un salon feutré, par des bonshommes sympathiques, qui rayent d’un trait de plume des milliers d’emplois, des milliers de vies basées sur ce travail, plongeant un territoire entier dans le marasme, conclue par des bons mots et une poignée de main. Ainsi fonctionne le capitalisme. En bas de l’échelle, ce sont toujours les mêmes qui trinquent, et alors que leurs situations, leurs intérêts matériels devraient les unir, ils se laissent diviser pour une religion, une origine, une culture ou une consommation différente, abandonnant le combat contre l’injustice pour des querelles intestines. Ainsi règne la classe capitaliste.

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