unir et vaincre: de la lutte à la guerre de classe (3/3)

De la nécessité du rassemblement contre le fascisme

L’être humain est une espèce sociale par nature, son besoin d’organisation collective est donc tout à fait sain.

Pour autant, partir du postulat que l’on n’est touché que par ce qui nous impacte directement est juste.

Dans la mesure où ce qui touche les travailleurs est partagé, la logique voudrait que l’on crée des passerelles.

Une organisation collective et unique semble tout indiquée mais pour toutes les complications que nous avons énumérées, elle reste lettre morte.

Bien que la bourgeoisie distille la peur et provoque la tétanie, le rassemblement reste nécessaire.

Unité et action

Les changements historiques aboutis sont en partie provoqués par une catégorie de la population unie et en action. Cette unité et action est corrélée en fonction du contexte indiqué.

Personne ne peut décréter quand la révolution arrive alors qu’on peut très bien commencer une grève.

Rappelons que le Front Populaire est autant le fruit d’occupations d’usines que l’alliance des communistes, sociaux-démocrates ainsi que des libéraux contre le danger imminent du fascisme.

À aucun moment les forces politiques, même parmi les plus révolutionnaires, n’ont fait allusion à un quelconque renversement du système.

Pour autant, par l’action des travailleurs, les mesures gouvernementales ont été révolutionnaires dans le sens où elles ont imposé, à un moment et un lieu donné, un autre paradigme.

Le slogan fut pourtant simple (le pain, la paix, la liberté), signe que les revendications concrètes plutôt que les vues idéologiques sont les plus à même d’emporter l’adhésion populaire. Celle-ci se fait, a contrario des religions, par la force de la raison – conscients que nous sommes responsables du monde dans lequel nous vivons – et non sur la foi en un idéal.

La place du programme

Logiquement, l’établissement d’un programme commun est une tâche de première importance. Entendons-nous bien : ce n’est pas son élaboration qui change la vie, c’est la manière dont il sera appliqué.

Il existe d’ailleurs un faisceau d’idées populaires dans notre camp social – l’instauration de la VIe République ou bien l’interventionnisme d’État (relocalisations, nationalisations, pôles publics, salaire à vie, planification écologique…) qui méritent d’être des points programmatiques.

Rassembleurs sur le fond et clivants sur la forme, il s’agit autant de la matière à l’unité que d’une perspective de changement radical parce qu’ils nagent à contre-courant de ce que nous impose la bourgeoisie.

Distinguer nos alliés de nos ennemis

C’est aussi ce qui permet de distinguer nos alliés de nos ennemis. Ceux qui refusent ces revendications, préférant établir un ordre passéiste ne peuvent être considérés que comme des adversaires.

Là se trouve le clivage entre la gauche et la droite. Il n’a jamais disparu, mais sa composition a très clairement muté à mesure que les forces productives ont elles-mêmes changé.

Le facteur de classe comme ciment du clivage gauche/droite

En dernière analyse, nous affirmons que la gauche est le camp de la transformation sociale alors que la droite représente les défenseurs de l’ordre établi.

Le facteur de classe est primordial parce qu’il est le ciment du système capitaliste. Toutes les autres productions sociales, politiques et culturelles sont des conséquences par voie de logique.

Unité à la base, rassemblement des appareils

Le mot d’ordre doit être clair : unité à la base, rassemblement des appareils. Combien de fois avons-nous entendu sur un marché un électeur potentiel dire qu’il ne voterait que si la gauche était unie ?

Il est sage de plaider pour une tactique de front commun tant l’assurance de gagner plus d’élus étant rassemblés que divisés est évidente.

Aucune organisation n’est hégémonique et personne ne peut prétendre prendre le leadership. La vanité a fini par avoir ses limites.

Renforcer les institutions

Les structures bâties depuis deux siècles par le mouvement social seront par conséquent à la manœuvre des changements. Il est plus que temps de les renforcer.

Une attention particulière doit être accordée au mouvement syndical : une personne passe le plus clair de son temps sur son lieu de travail. C’est son lien social principal dans une journée, quand bien même elle travaille chez elle.

Dans la mesure où les liens tissés sur le lieu de travail se sont brisés après qu’on ait imposé le télétravail comme le chômage partiel depuis mars 2020, le syndicat est le dernier réseau qui maintient le travailleur, par son activité de défense individuelle autant que collective des intérêts de classe immédiats.

Se préparer aux combats futurs

C’est une prédiction assez mesurée que de penser qu’il y aura à l’avenir d’intenses batailles sociales. Il est donc plus que temps que les salariés puissent s’emparer des outils qui sont les leurs. C’est dans ces moments qu’un syndicat saurait être utile, parce qu’il oriente les luttes.

Alors que la prolifération des cadres de travail a multiplié les catalogues d’action des militants, plus que jamais le syndicat permet d’adopter un langage commun unifiant les travailleurs à la base.

Qu’une Assemblée Générale n’ait pas le même fonctionnement d’une boîte à l’autre se légitime par la multiplicité des cadres de travail. Le syndicat, institution interprofessionnelle au service des travailleurs, permet d’établir un même langage militant pour la coordination et la convergence des luttes. On ne saurait faire différemment si on veut le faire de manière plus efficace.

L’unité permet le rassemblement

Quand on parle d’un front, on parle autant du quotidien militant que de sa direction. Cela est vrai notamment pour les directions syndicales mais s’applique à toutes directions du mouvement social.

Le rassemblement des appareils est la conséquence de l’unité à la base, on ne peut penser l’une sans l’autre.

Être unitaire pour deux

Nous n’avons pas le temps de nous battre avec des personnes de notre camp social mais qui ne partagent pas la même opinion, ils ne doivent pas être des obstacles puisque sans eux nous ne pouvons vaincre le fascisme, ils sont donc tout naturellement des alliés.

C’est pourquoi chercher des préalables idéologiques à l’accueil de nouveaux partenaires n’aurait aucun sens : la question est sociologique !

La boussole: notre intérêt de classe

C’est notre intérêt de classe qui guide nos pas. Une concession au rabais avec la bourgeoisie pour éviter le pire, c’est déjà accepter le pire.

Les discours les plus séduisants sont souvent les plus dangereux. Une proposition qui est prête à penser comme celles que nous martèlent l’idéologie dominante sont toujours sources de méfiance et cela est normal : la démagogie est un moyen d’obtenir un consentement favorable aux princes.

Reconnaître sa classe en soi est la première pierre pour exprimer ce qui fait la lutte des classes et renforce notre organisation pour le combat.

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