Législatives : Panique à bord ! Le paquebot Macron éventré par l’iceberg NUPES

Les temps politiques que nous vivons s’avèrent historiques à plus d’un titre : un Président, Emmanuel Macron, élu deux fois de suite au suffrage universel sans avoir vécu de cohabitation, une première en France ; l’extrême-droite plus forte que jamais lors de l’élection présidentielle ; une gauche unie (insoumis, écologistes, communistes, socialistes…) autour d’un puissant pôle antilibéral qu’est l’Union Populaire de Jean-Luc Mélenchon.

Un contexte extraordinaire

Si la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) est difficilement comparable au Cartel des gauches, au Front Populaire de la première moitié du XXème siècle, ou même à la Gauche plurielle ayant gouverné sous l’égide du Premier ministre socialiste Lionel Jospin entre 1997 et 2002, elle n’en est pas moins synonyme d’un événement extraordinaire sous la forme d’un bloc uni. Les désaccords tantôt subtils, tantôt plus marqués entre ses différentes composantes ont été mis à la marge d’une volonté énergique de convergence autour d’un programme (salaires, retraites, Sécurité sociale, services publics…) en tous points opposé à celui des candidats macronistes, lesquels sont rassemblés sous l’étiquette Ensemble constitué du mouvement présidentiel Renaissance, du parti Horizons de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et du maire d’Angers Christophe Béchu, ainsi que du Mouvement Démocrate (Modem).

Le programme de la NUPES révèle, si besoin était, le caractère profondément droitier de la politique menée par Monsieur Macron et sa Première ministre Elisabeth Borne, qui risque d’être démise de ses fonctions si elle échoue à gagner la circonscription du Calvados (Normandie) où elle se présente, ou bien si le chef de l’État et son camp se retrouvent sans majorité absolue à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour des élections législatives.

La NUPES tient tête au camp présidentiel

Pour la première fois depuis la mise en place du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, plaçant depuis vingt ans les élections législatives au lendemain de l’élection présidentielle, une majorité opposée à la politique du Président de la République pourrait se dessiner dans la Chambre basse du Parlement français au soir du dimanche 19 juin.

En faisant « tapis » sur les législatives, et en se présentant lui-même en tant que candidat au poste de Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon a joué une partition parfaite en se posant comme opposant numéro un à Monsieur Macron, subtilisant cette place à Marine Le Pen, en mettant en échec la présidentialisation du régime de la Vème République et en agglomérant toutes les forces parlementaires historiques de la gauche – à l’exception du centre-gauche, radicaux ou proches de Jean-Pierre Chevènement – derrière un programme amendé pour qu’y souscrivent les partis ayant présenté des candidatures distinctes à l’élection présidentielle d’avril dernier.

Selon toute vraisemblance, la NUPES tiendra tête au camp présidentiel au soir de ce dimanche 12 juin, en lui disputant la première place des forces politiques dans l’expression des citoyens au suffrage universel direct. L’abstention du jour, un record absolu pour des législatives, ne sera pas le principal fait de la soirée électorale, mais bien l’idée d’un « troisième tour » comme revanche de la gauche radicale face au centre-droit du chef de l’État, et revanche du parlementarisme sur le présidentialisme. Avant même que les résultats définitifs soient proclamés, le pari de la NUPES est d’ores et déjà remporté en se posant d’égale à égale avec la majorité présidentielle, qui s’expose à devenir… minorité présidentielle.

La NUPES devance le mouvement présidentiel Ensemble selon deux projections

Selon deux projections nationales issues par deux instituts de sondages français cités par La Libre (journal faisant autorité en Belgique francophone), la NUPES est créditée de 25,7 à 25,8% des voix, devant le cartel de la macronie Ensemble situé à 25% et le Rassemblement national, stagnant entre 18,5 et 19,3%. Les Républicains et leurs alliés n’atteindraient qu’entre 11,6 et 14% tandis que le mouvement d’Eric Zemmour Reconquête! s’effondrerait sous la barre des 4%.

Si ces chiffres se confirment, il resterait à transformer l’essai dimanche 19 juin lors d’un second tour déterminant pour dessiner le nouveau paysage de l’Assemblée nationale française. S’il y a peu de chances, malgré les excellents résultats du 12 juin, d’avoir une Assemblée à majorité NUPES pour cette nouvelle législature, il est tout à fait probable que le mouvement du Président de la République se retrouve amputée de la frange de députés lui permettant d’arracher la majorité absolue, l’obligeant de facto à gouverner avec Les Républicains, quitte à remanier profondément le gouvernement en place depuis trois semaines. Néanmoins, le caractère exceptionnel du premier tour peut entraîner un sursaut de l’électorat populaire, pouvant faire basculer la majorité parlementaire.

Cet article sera mis à jour à mesure que les résultats définitifs, issus des dépouillements complets, seront connus.

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