Bureau d’embauche devant le CHU d’Angers : « On entend souvent que la CGT ne fait que grogner, là on prouve qu’elle apporte des solutions ! »

Jeudi 8 juin, sous un soleil de plomb, le syndicat CGT du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers organisait un bureau d’embauche devant l’Hôpital. Rencontre avec les militantes et militants qui ont mis sur pieds cette initiative inédite dans le Maine-et-Loire, alors que le même jour, la CGT de la Ville de Paris menait une opération similaire.

Le double discours de la direction

« Ça a démarré par une annonce de la direction qui disait que pour cet été, il n’y aurait pas de remplacements, qu’elle avait des difficultés à trouver du personnel, et donc qu’elle nous demandait d’allonger nos horaires de travail. Soit en faisant des journées de 12 heures, soit en faisant des week-ends supplémentaires, soit en passant un contrat par lequel on devait s’engager à faire entre 10 heures et 20 heures de travail supplémentaires par mois pendant 6 mois. »

Cécile Chevalier-Cervelle, secrétaire en cardiologie à temps plein, travaille au CHU depuis 18 ans. Elle y occupe également les responsabilités de secrétaire du syndicat CGT. En apprenant les plans de la direction hospitalière, elle a convoqué une réunion des personnels syndiqués où tous ont remonté les mêmes inquiétudes.

« On sait par le témoignage de collègues, de proches, qu’il y a des gens qui ont postulé à qui on n’a soit pas répondu, soit répondu qu’il n’y avait pas de postes vacants. Donc, que notre direction exige des agents en poste de tels sacrifices, ça nous a beaucoup choqués. » En réaction, le syndicat a voulu mettre la direction face à ses contradictions en prenant les choses en main. « On est des militants et des travailleurs, on a donc décidé par nous-mêmes de créer notre propre bureau d’embauche, on savait qu’on aurait des résultats et qu’on obligerait notre direction à répondre aux gens, parce que nous on va faire le suivi, à défaut d’un suivi de l’administration. »

Une opération jamais vue dans le Maine-et-Loire

Devant l’entrée du service des Urgences, profitant d’un espace non loin de la ligne A, en service, du tramway angevin, les syndicalistes se sont affairés pour monter des barnums, des tables et des chaises, dresser des banderoles et pancartes confectionnées à la main, hisser les drapeaux syndicaux et procéder à une opération jamais vue dans le Maine-et-Loire. Ce jeudi, de 10h du matin jusqu’à 16h, ils ont accueilli les travailleuses et travailleurs en recherche d’emploi pour mettre la pression sur une direction qui se déclare impuissante.

«  La démarche, je la trouve très, très bien » approuve Mickaël, électricien au CHU depuis 21 ans et syndiqué à la CGT depuis un an, « parce que la direction nous donne les éléments qu’elle veut bien nous donner ». Lui « pense qu’il y a énormément de personnes qui postulent et qui n’ont aucune réponse. Avoir une vision là-dessus, pour nous, ça peut changer la donne et on verra les retours qui seront faits aux candidats d’aujourd’hui, en espérant qu’il y ait une vraie réponse ! »

Retraitée depuis quatre ans, Marie-José a vu se dégrader les conditions de travail et d’accueil à l’hôpital, « qui est encore pire aujourd’hui qu’avant la pandémie » de COVID-19. « Mais c’est la même continuité de dégradation, comme tous les services publics. » Sur ses 43 ans de travail, elle a travaillé 39 ans au CHU, dans différents services. « C’est la première fois qu’on organise une telle initiative, ce n’est pas notre cœur de métier (de syndicalistes, NDLR) de faire des bureaux d’embauche. On le fait pour mettre la direction en contradiction avec ce qu’elle nous dit, et le faire savoir, parce qu’ils pleurent la main sur le cœur en disant “Mais vous vous rendez compte, on a du mal à embaucher, on n’arrive pas à trouver…” Vis-à-vis de l’extérieur, si l’hôpital ne marche pas, c’est parce que personne ne veut y travailler. Mais c’est faux ! La preuve avec les gens qu’on a rencontrés depuis ce matin, ce sont des gens qui sont disponibles et prêts à travailler dès demain matin au CHU si on leur propose ! »

Mettre la direction face à ses contradictions

Kévin est adhérent au syndicat CGT depuis moins de trois ans, mais il déclare suivre la CGT depuis une dizaine d’années. « On en est venu à cette action parce que la direction nous dit qu’elle n’a pas assez de CV et lettres de motivation par rapport aux besoins de tous les services » nous confie cet agent stérilisation, qui travaille depuis quatorze ans pour acheminer et récupérer les dispositifs et outils médicaux auprès des blocs opératoires dans tout le Centre Hospitalier. « Mais on savait bien qu’il y a des personnes en recherche de boulot qui veulent rentrer au CHU. »

Aurélie, aide-soignante en gériatrie et aussi déléguée syndicale, travaille au CHU depuis 15 ans et s’est syndiquée à la CGT il y a dix ans. « Je me suis syndiquée très vite ! » sourit-elle. « Le discours de la direction, c’est qu’il n’y a pas de postulants, il n’y a pas de candidatures. Pourtant on sait, par notre entourage, que c’est faux. On va mettre en contradiction ce que dit la direction. »

Une grande dame passe déposer le CV de son fils, qui n’a pas pu se déplacer. Profil : titulaire d’un Master en informatique, a candidaté au CHU il y a un an, n’a jamais eu de réponse. Elle-même est militante à la CGT, au Pôle Recherche de l’Université d’Angers. « Je n’avais jamais entendu parler de ce genre d’initiative, un bureau d’embauche de la CGT ! Comme mon conjoint est aussi à la CGT, dans la branche des métaux, il avait vu un petit encart sur internet et on a donc pensé déposer la candidature. » Comme tous les autres candidats, venus en personne ou dont le CV et la lettre de motivation ont été remis aux syndicalistes hospitaliers, l’évolution de sa demande d’embauche sera suivie de près par la CGT.

Monique était infirmière au CHU. En retraite depuis deux mois, elle n’a pas été remplacée dans son service. « Raison de plus pour être ici » acquiesce-t-elle. « On voit bien que le discours tenu par la direction aux agents, sur sa difficulté à recruter, n’est pas vrai vu que depuis ce matin beaucoup de gens se présentent à nous en nous disant qu’ils avaient déjà postulé. Je pense que c’est une volonté de ne pas embaucher, après on veut bien se tromper… » Une de ses anciennes collègues, qui voulait rentrer au CHU comme aide-soignante, a adressé sa candidature à plusieurs reprises au premier employeur du département. Après quatre ans sans réponse, elle a finalement été reçue suite à l’insistance d’autres soignantes, et a été embauchée.

Des CV qui ne termineront à la poubelle

« Depuis plusieurs années, il y a toujours la même rengaine au niveau de l’été, on nous dit toujours qu’ils n’arrivent pas à recruter suffisamment de monde, ne serait-ce que pour pallier aux absences de l’été. Depuis la crise COVID, ça s’est dégradé encore plus. Pourtant on sait pertinemment que beaucoup de gens veulent s’orienter vers l’Hôpital pour y travailler mais on sait que beaucoup de candidatures sont laissées sans suite » témoigne Seb, délégué syndical et ouvrier au sein du service logistique de la stérilisation depuis maintenant 24 ans.

Infirmière anesthésiste à l’hôpital d’Angers depuis 2012, Sabrina est à la CGT depuis cinq ans. Elle, aussi, a eu les mêmes échos. « C’est l’ensemble des gens qui communiquent avec nous, qui nous appellent ou même avec qui on échange dans la rue, qui nous disent qu’ils ont appelé, postulé à différents moments et soit ils ne sont pas rappelés, soit on leur dit qu’il n’y a pas de besoins, y compris pour des soignants, des aides-soignants, des infirmiers. Je trouve ça scandaleux. Et face à nous, on a la direction qui nous dit que c’est faux, qui ferme des lits, qui ferme des blocs, sous prétexte qu’ils ne trouvent personne. C’est juste honteux. »

Aide-soignant à l’Hôpital depuis 14 ans, Julien est représentant suppléant à l’équivalent du CHSCT – comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail – qui a, comme dans le privé, été fusionné au sein du Comité social et économique (CSE). « On voit bien que la collègue en arrêt depuis deux ans n’est toujours pas remplacée », abonde-t-il, « et quand on fait le tour des secteurs, en fait les problématiques sont toujours les mêmes : les gens ne sont pas remplacés ou le poste est vacant. Donc c’est extrêmement fatiguant de se demander où sont les personnels. »

Julien résume : « En fait, on ne sait pas trop comment ça se passe réellement, les recrutements. Entre ce que les collègues nous disent et ce que la direction nous dit, effectivement il y a une dichotomie dans le bazar, c’est à croire que la plupart des CV qui arrivent terminent à la poubelle. »

Solidarité et coordination, les clés du succès

Pour mettre sur pieds l’opération, le syndicat CGT du CHU a pu compter sur le soutien de plusieurs camarades et structures de la Confédération. Sébastien Delavoux, représentant national de la CGT des Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), sapeur-pompier professionnel angevin aperçu dans le deuxième épisode de notre trilogie documentaire Nous Sommes En Guerre, est venu donner un coup de main. Tout comme Christelle, membre du Comité national des travailleurs précaires et privés d’emploi de la CGT, et Christophe, responsable de la CGT Cheminots à Angers.

« Depuis cinq, six ans, on organise des bureaux d’embauche sur tout le territoire au niveau de la France » explique Christelle, qui a fait le déplacement. « Le premier a eu lieu à Lyon par les cheminots CGT, et suite à ce bureau d’embauche il y avait eu quatre recrutements. On en a fait également au niveau des services publics, les mairies, les postes, parce que comme au CHU les directions disent qu’il y a des postes à pourvoir mais qu’elles ne trouvent pas de personnels. » De son côté, Christophe, secrétaire du syndicat SNCF angevin depuis quatre ans et membre de la Fédération des cheminots CGT, a également participé à un bureau d’embauche pour son entreprise, à Nantes l’année dernière.

« Il nous faut des collègues, des bras »

« A partir de l’expérience de ces deux camarades, on a pris notre envol, on a tracté tout seuls, on a été voir les agences Pôle Emploi pour leur expliquer notre initiative, on a alerté la presse avec un communiqué, et on a organisé petit à petit » détaille Cécile. Sur près de 6.000 agents, 140 sont syndiqués à la CGT. L’immense majorité des militantes et militants présents ce jeudi devant le CHU pour tenir le bureau d’embauche le font sur leurs heures de repos, bénévolement.

« Ce qui est clair, c’est qu’il nous faut des collègues, des bras » insiste Aurélie. « Donc là il y a officiellement 30 postes vacants (d’infirmiers, NDLR), comme expliqué dans notre tract, mais en réalité il y a beaucoup plus de postes libres. Il faut savoir qu’à l’hôpital il n’y a pas que des soignants, il y a aussi des ouvriers, des techniciens, des secrétariats… C’est très élargi. »

Tout est fait par les petites mains

Des banderoles ont été mises sur les ponts de la rocade et la manifestation interprofessionnelle contre la réforme des retraites du mardi 6 juin, deux jours plus tôt, a été une bonne occasion pour faire connaître l’initiative. Sabrina précise : « Les banderoles c’est fait par nos petites mains, les tonnelles c’est le réseau qu’on a fait jouer, il y a l’UL (Union Locale interprofessionnelle d’Angers de la CGT, NDLR) qui est venue donner un coup de main, il y a l’UD (Union Départementale du Maine-et-Loire, NDLR) aussi, heureusement qu’elles sont là d’ailleurs. Elles nous ont donné des petites ficelles sur l’organisation, contacter les médias… Et puis on a aussi fait beaucoup, beaucoup de terrain pour tracter sur les marchés, dans les magasins, dans la rue… »

Nathalie, aide-soignante à l’Ehpad Saint-Nicolas depuis janvier 1988, ne se souvient pas d’une telle initiative de la CGT. Dans son établissement, qui compte 410 lits, 90 lits de soins de longue durée et une unité pour les patients atteints d’Alzheimer, elle a été secrétaire du syndicat avant la fusion de l’Ehpad avec le CHU. « Pour préparer le bureau d’embauche aujourd’hui, j’ai fait une diff’ de tracts au marché de La Fayette, un affichage dans mon quartier, j’ai affiché même sur les poubelles de mon quartier ! » confie-t-elle avec un large sourire. « Parce que les gens mettent plein de choses dans les poubelles, donc ils pouvaient lire ! J’ai mis aussi sur le container de vêtements d’Apivet, sur le conteneur à verre, personne n’a arraché ! »

Porter un cahier revendicatif et des exigences d’embauche

« Cette initiative est surtout la conséquence du manque chronique de moyens et du fait qu’on va leur imposer les journées de 12 heures » estime Stéphanie, venue en soutien représenter l’Union Départementale. « Nous au niveau de l’UD, ça faisait un moment qu’on pensait à organiser un bureau d’embauche, pas forcément pour le CHU, mais parce qu’on a des directions dans diverses entreprises, que ce soit dans le transport, la santé ou autres, qui disent que personne ne postule, personne ne veut travailler, alors qu’aujourd’hui on voit bien qu’il y a des candidats. » « On s’est dit on y va, on se lance, si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas c’est pas grave ! » lâche Julien.

« Quand on avait les anciennes Bourses du Travail de la CGT, ça existait déjà, on appelait ça des bureaux d’exigences d’embauche » rappelle Christelle. « Ce qui est intéressant c’est qu’on a des revendications et on a surtout des exigences, on va suivre les dossiers de candidature et puis aussi porter un cahier revendicatif, c’est pas seulement proposer un emploi mais surtout un emploi avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail. »

Des journées de 12 heures imposées

Si l’opération rencontre un franc succès, tant auprès des personnes en recherche d’emploi qu’auprès des agents hospitaliers, c’est notamment parce que ces derniers sont « invités » par leur direction à passer en 12 heures, comprenez 12 heures de travail consécutives avec une pause de 20 minutes au bout de 6 heures.

La « recette miracle » ?

« Quelque part, la direction cherche à imposer l’idée de faire les 12 heures, qui sont généralisées un peu comme la recette miracle, les services de soins y sont passés et avec du recul la plupart regrettent » atteste Mickaël. « C’est à dire que sur un service normal, quand il y a un remplacement à faire, c’est déjà compliqué, mais quand on est passé aux 12 heures, ça l’est encore plus. Effectivement ça leur permet de rappeler les gens qui sont en congés, en RTT, ce qui n’est vraiment pas logique. Donc il y a une vraie nécessité d’embaucher. »

« Le premier jour de repos, tu le passes à dormir »

Julien, lui, est sur un poste de remplacement et va de service en service pour dépanner des collègues ou pour combler les arrêts inopinés. Il exerce son poste d’aide-soignant en priorité aux services des urgences, de réanimation et dans les salles de réveil. « Sur l’Hôpital, les services de 12 heures, au début c’était un peu parsemé » se souvient-il. « Il y a un service qui s’y est mis, depuis quelques années, une salle de réveil, puis un service de réanimation. Puis avec le COVID, les urgences s’y sont mises, et depuis la direction généralise ces horaires à tous les services. »

« Moi, ça fait 5 ans que je suis sur un poste de 12h, on nous promet monts et merveilles avec les repos derrière, en fait c’est de la fumisterie parce que c’est extrêmement fatiguant, on fait deux journées en une » témoigne Julien. « J’ai des collègues qui ne voient pas leurs gamins, très peu sur les 3 jours, et le premier jour de repos, tu le passes à dormir ! Et puis, mine de rien, t’en fais des kilomètres toute la journée, pendant douze heures à marcher de salles en salles, de chambres en chambres. Donc ouais, c’est fatiguant, très fatiguant. »

Des agents essorés par la pression

« C’est assez insidieux, analyse Cécile, parce que la direction annonce ça au comité social d’établissement et via les encadrements de proximité, les chefs de services ou les cadres de santé. Ces derniers sont venus avec des plannings totalement à trou, en nous disant “il faut boucher les trous sur les week-ends, positionnez-vous parce que de toutes façons il n’y aura pas de remplacements”. Les collègues étaient furieuses parce que déjà l’été c’est compliqué, on a tous envie d’être avec nos enfants, nos parents, nos amis, la charge de travail globale ne diminue pas, et là elle s’alourdit sur chaque agent. »

Certains collègues abandonnent

« On n’imaginait pas que ça prendrait aussi bien » continue-t-elle, en voyant les candidates et candidats à l’embauche au CHU affluer sur le stand syndical malgré la chaleur estivale. « C’est le service public qu’on défend finalement. Et le but c’est d’avoir de bonnes conditions de travail, parce que les services de 12 heures, les contrats mutualisés d’heures supplémentaires, revenir sur les week-ends qu’on nous rend jamais, c’est pas possible. »

Cécile voit des collègues avec la même ancienneté qu’elle – une vingtaine d’années d’expérience – décider d’abandonner le métier, épuisés par les conditions de travail et les horaires à rallonge. « C’est une perte de compétence, un dégoût du travail, et faire revenir des nouveaux dans ces conditions là… La direction dit qu’elle essaie de rendre nos métiers attractifs mais elle fait exactement l’inverse ! »

Monique, jeune retraitée, est toujours en lien avec ses anciennes collègues. « C’est difficile pour elles, ça déborde, d’autant plus qu’une autre collègue est partie en même temps que moi pour d’autres raisons et elle n’a pas été remplacée non plus. Ça commence à faire très lourd. »

Un sous-effectif chronique

Gilles, secrétaire général de l’UL d’Angers, est également venu apporter son soutien. « Ma fille a fait de longues études pour être infirmière, elle est rentrée aux urgences, elle s’est retrouvée toute seule dans son service avec des patients qui lui criaient dessus, presque à se faire agresser… C’est pas possible de travailler comme ça ! Du coup elle a démissionné, elle est partie dans un autre domaine » souffle-t-il. « C’est quand même dingue de faire de longues études pour finir par craquer parce qu’on n’a pas les effectifs qui vont avec. »

Nathalie, l’aide-soignante de l’Ehpad Saint-Nicolas, livre le même témoignage sur le sous-effectif. « Entre 2018-2019 où on était 7 agents aux soins pour 40 résidents, on est passé à 3 et demi aux soins le matin. Donc on a divisé par deux depuis la fusion » avec le CHU, en 2020. « Maintenant on est en direction commune, donc ils ont fait une restriction de personnels, et dans le même temps on a perdu 48 CAE, les contrats d’aide à l’emploi qui se sont terminés, et en fait nous on avait ces agents qui étaient aux soins. Donc ça se termine par beaucoup d’arrêts de travail parce que beaucoup d’épuisement physique et moral… Vous êtes obligés de courir, les agents remplacent les infirmières pour la distribution de médicaments parce qu’il y a une infirmière pour 124 résidents, elle ne peut pas être partout donc elle délègue aux aides-soignantes… Les résidents, ils s’énervent un peu donc il faut aussi les calmer, et nous aussi on doit être calme, ce qui est compliqué quand on est sous pression ! »

« Le physique lâche un peu… »

Pour elle, « c’est le physique qui lâche un peu maintenant… » Nathalie s’est fait opérer d’une épaule, et sera bientôt opérée de l’autre épaule à la fin de l’été. « On a donné, maintenant on a l’usure physique aussi, et puis c’est vrai que les conditions de travail ne sont pas tous les jours sympas, mais on compte beaucoup sur l’entraide en équipe, qui permet de tenir au quotidien. »

« Là on peut le voir avec ce bureau d’embauche, les militants de la CGT sont avant tout des salariés et quand on les questionne sur leur métier on peut constater qu’ils sont passionnés, qu’ils aiment ce qu’ils font, qu’ils ont envie de le faire dans de bonnes conditions et il faut que la direction l’entende pour leur permettre de vivre mieux. Si tous les postes sont pourvus, de toutes façons, le travail sera d’autant mieux fait » tranche Stéphanie.

Un hôpital malade

Cécile a constaté un allongement des délais d’attente pour des rendez-vous de prise en charge, qui sont passés dans certaines spécialités de six mois à plus de douze mois, avec ordonnance obligatoire du médecin traitant. « Et il y a intérêt à ne pas louper son rendez-vous ! Ces retards de prise en charge peuvent causer une aggravation des maladies qu’on n’arrive plus à soigner aussi bien. Je vais donner un exemple très précis, la cardiologie, ça fait deux ans qu’il y a 12 lits fermés en hospitalisation conventionnelle, et là, faute de personnels ils ont fermé 5 lits supplémentaires en soins intensifs » lâche-t-elle, amère. « Ça veut dire que si un patient fait un accident cardiaque, là dans la rue, si les lits sont occupés, on ne peut pas le prendre en charge ! Ça peut amener jusqu’à la mort du patient, ce qui est pour nous inenvisageable. Les soignants ne fonctionnent pas comme ça. »

Plus de 10% des lits ferment cet été

« 172 lits vont fermer cet été, soit plus de 10% du total, alerte Sabrina. C’est énorme alors qu’on sait très bien qu’en été la population a toujours autant besoin de l’hôpital public. » Forte de son expérience, Marie-José a bien vu « des choses évoluer dans le bon sens durant quarante ans, la médecine a évolué, l’anesthésie a évolué, et dans un même temps, depuis qu’ils ont décidé de faire des économies drastiques dans les services publics, là on a vu vraiment une énorme différence entre la réalité et les discours. On dit qu’il faut prendre soin des gens, mais on ne donne plus les moyens, il faut faire du chiffre, on a vu arriver la tarification à l’activité comme si l’hôpital devait être rentable, comme si la santé était une marchandise », regrette-t-elle.

« Inhumain au possible ! »

« C’est comme ça pour tout », poursuit Marie-José. « T’es diabétique, on va te soigner ton diabète mais on ne va pas t’éduquer, te former pour mieux te soigner, ce qu’on avait un peu plus le temps de faire avant. Ce qui fait que dans le processus de soin, on ne va pas au fond des choses. C’est ça qui se dégrade. Les gens qui arrivent à l’Hôpital, on leur fait le minimum et après hop, ils s’en vont chez eux, même si c’est un grand-père de 90 ans, renvoyé à 3h du matin parce qu’il n’y a pas de lit, on ne s’occupe pas de savoir si le lendemain il y a quelqu’un qui va pouvoir passer chez lui, on s’en fiche… C’est inhumain au possible ! »

A l’Ehpad Saint-Nicolas, la même dégradation est constatée : certains résidents prennent à peine une douche par semaine, faute de soignants pour les accompagner, tandis que les plateaux et barquettes sous vide viennent de remplacer les repas mitonnés par les cuisiniers sur place. « Nos résidents ont maintenant vraiment l’impression d’être au CHU, déclare Nathalie. Là ça va être compliqué à gérer aussi. »

La vocation du service public

Si l’action syndicale du jour permet à tous les personnels de témoigner des difficultés rencontrées au travail, elle met également en lumière l’attachement très fort des militants pour le service public de la santé, « parce que ce qu’on prône au syndicat c’est des lits, des bras, un accueil plus humain » résume Aurélie, qui met régulièrement à jour sur une pancarte le nombre de candidatures déposées auprès de la CGT : 41, 42, 43…

Le chemin de croix de l’embauche

Le service public est une vocation, autant que le métier de soignant, et le chemin de croix que représentent certaines procédures pour entrer au CHU le démontrent. « Ma compagne avait écrit une fois pour être ASH (Agent de services hospitaliers, NDLR), sachant que les services étaient en recherche de ce poste, les cadres disaient qu’ils n’arrivaient pas à trouver de personnels » fait savoir Mickaël. « Deux jours après on avait une réponse comme quoi il n’y avait pas de poste à pourvoir au CHU. Dans la même semaine, j’ai redonné le CV, on a reçu une deuxième réponse identique, négative. Après m’être renseigné auprès de mon encadrement, j’ai fini par insister auprès d’une personne compétente, qui s’en est occupée et effectivement ma compagne a été embauchée. »

« Aujourd’hui on veut vraiment trouver des collègues parce qu’on a envie de travailler dans de bonnes conditions, et qu’on a envie de recevoir les gens correctement, souligne Sabrina, mais on a aussi envie de dénoncer cette hypocrisie. C’est plus tenable, c’est insupportable en fait, ce double discours de la direction », l’un adressé aux agents, l’autre aux postulants.

L’Hôpital a une chance

Pour Marie-José, « le contact direct entre les demandeurs d’emploi et les personnes qui travaillent au CHU, ça change tout. D’autant qu’il y a peut-être la moitié des personnes candidates qui ont déjà de la famille qui travaille ou a travaillé au CHU, l’Hôpital c’est la plus grosse boîte du département ! Il y a des milliers de salariés, ça représente beaucoup de familles. » Seb abonde : « L’Hôpital a une chance, c’est que c’est un grand CHU, où il y a énormément de métiers différents. Ça va du simple agent de nettoyage, pour faire le ménage dans les couloirs, en passant par les techniciens hospitaliers, dans le milieu de la plomberie ou de l’électricité, en passant par tous les secrétariats et les postes administratifs, jusqu’aux aides-soignants, infirmiers, spécialisés ou non. »

« Aujourd’hui il y a des pseudo-négociations salariales au niveau de ministère (de la Santé), ils saupoudrent les augmentations de salaires, qui ne permettent pas du tout de faire face aux augmentations générales des prix. Donc aujourd’hui, les gens qui sont au CHU c’est des passionnés. Ils sont là pour soigner toute la population » assure Seb.

Pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes

« Ce qui est bien aujourd’hui, se félicite Stéphanie, c’est que ce bureau d’embauche va pouvoir mettre en lumière les candidatures, et la suite que va pouvoir leur donner la direction du CHU. Parce que là il y aura des candidats, ils ne pourront pas dire que le problème vient de là, après je pense qu’il y a effectivement des volontés politiques derrière, ça permet de faire accepter des conditions de travail qui sont lamentables pour les personnels déjà en place… Parce qu’ils ont une conscience professionnelle, ce sont des personnes qui aiment leur métier, qui aiment les patients, qui veulent pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes quand ils sont au travail. »

Une volonté politique

Derrière le double discours tenu par la direction hospitalière, s’exprime en réalité la volonté politique des gouvernements néolibéraux successifs qui ont démantelé le service public et laissé à l’abandon des services, voire des établissements entiers.

Ce n’est pas de l’incompétence

« Où est le problème ? Ça c’est la bonne question » interroge Mickaël. « Effectivement les DRH disent qu’ils ne trouvent pas de personnels… Là, il y a déjà 44 postulants en 2 heures et demi, ça prouve bien qu’il y a une demande d’un côté, il y a un manque de résultats d’un autre. » Monique va plus loin : « Au niveau national, l’objectif c’est aussi de réduire les dépenses de santé dans les hostos, donc on n’est pas dupes non plus. »

« Mon avis, c’est que ce n’est pas de l’incompétence de la part de la direction, mais vraiment des décisions politiques » estime Sabrina. « Ce n’est pas qu’à l’échelle d’Angers, c’est sur l’ensemble du pays. C’est une volonté d’économies, parce qu’ils travaillent comme des gestionnaires, eux ils n’en ont rien à faire des soignants, des personnels et des patients. Ils veulent juste faire des économies, fermer des lits en utilisant bien cette excuse qu’ils ne trouvent pas de personnels, et fermer des blocs. »

« Pas sur la même planète »

« On veut mettre notre direction face à ses contradictions et ses responsabilités. Ce sont des gestionnaires qu’on a en face de nous, ce ne sont absolument pas des soignants, ils n’ont pas du tout cette vision du service public que les agents partagent, pour eux c’est quelque chose de mercantile » expose-t-elle.

A la question « Comment des gestionnaires peuvent diriger des hôpitaux ? », Sabrina rétorque : « Comment les hommes politiques peuvent diriger le pays ? C’est les mêmes en fait, on a affaire aux mêmes personnes. Ce qu’ils font, ils le font à tous les niveaux, en fait, il ne faut pas se leurrer. Ils sont issus des mêmes écoles, des mêmes milieux. On n’est juste pas sur la même planète. »

Le « copier/coller du privé »

Ce à quoi est confronté aujourd’hui le service public de la santé, c’est au « copier/coller du privé » pour Gilles. « On voit des directeurs qui viennent du privé, qui ne connaissent que des tableurs Excel, c’est que financier… On ne peut pas traiter l’hôpital comme une entreprise privée de l’automobile ! Le résultat c’est qu’il y a de la souffrance au travail, des horaires pénibles, des burn-out. Quand on sait qu’il y a des gens qui craquent dans le médical, ça pose une vraie question. »

Du point de vue de Marie-José, c’est clair, « il y a une volonté, une volonté de ne pas recruter, de diminuer au maximum l’offre, de culpabiliser les gens quand ils viennent aux urgences, avec le discours selon lequel “ça coûte à la société”, comme si de se soigner ça coûtait, mais d’aller fabriquer des armes ça ne coûtait pas… Voilà, ce sont des choix qu’on conteste, à la CGT ».

Enlever des droits fondamentaux

« Je vais donner un exemple parce qu’en tant que femme je suis particulièrement sensible à ça, poursuit Marie-José, le droit à l’IVG existe, mais les moyens pour faire tourner les centres d’IVG diminuent, ce qui fait qu’en fait on restreint l’accès à l’IVG. On ne le supprime pas, mais le fait de le restreindre ça revient à enlever des droits fondamentaux. »

Xavier Dupeyroux, secrétaire général de l’Union Départementale CGT Maine-et-Loire, est lui aussi venu en soutien de l’opération menée par le syndicat hospitalier. « Les bureaux d’embauches sont une initiative confédérale de la CGT. Il y a un certain nombre de métiers en tension, non pas parce qu’il n’y a pas de volonté de travailler, mais surtout parce qu’il n’y a pas de volonté d’embaucher. On rencontre plein de privés d’emploi, plein de monde qui ont les compétences pour travailler et venir renforcer les effectifs, mais il y a une volonté politique de laisser couler les services publics » accuse-t-il, tout en profitant de l’instant « pour féliciter le syndicat CGT du CHU d’Angers pour cette initiative qu’on pourra décliner ailleurs, où les problématiques sont similaires ».

Les chômeurs, des fainéants ?

Durant cette journée et par les rencontres souvent joviales, toujours empreintes d’humanisme entre les personnes privées d’emploi et les agents du CHU, bien des idées reçues se font tordre le cou. Parmi elles, celle que les chômeurs sont des fainéants, profitent du système et se complaisent dans la marginalité.

L’accueil reçu par les syndicalistes hospitaliers lors de leurs distributions de tracts et leurs affichages, jusqu’à l’intérieur des agences Pôle Emploi, démontre l’intérêt et l’envie des demandeurs d’emploi pour les embauches dans des structures qui peuvent, plus ou moins, apporter une sécurité financière et professionnelle.

Le très bon accueil à Pôle Emploi

« A Pôle Emploi on a été très bien accueilli par toutes les agences, personne ne nous a empêché de distribuer des tracts ou de mettre des affiches et les agents de Pôle Emploi se sont même associés à notre démarche pour nous donner un maximum de visibilité » témoigne Kévin. « D’ailleurs il y a une candidate qui est venue ce matin et qui a été envoyée directement par son conseiller Pôle Emploi ! » renchérit Aurélie.

« Je suis moi-même allée dans une agence Pôle Emploi pour communiquer sur notre opération » confie Sabrina. « Dans un premier temps la personne au guichet ne comprenait pas trop notre démarche mais elle a très vite compris, elle a appelé sa supérieure et elles ont trouvé ça génial. J’avais peur que ce soit plutôt fermé et j’ai été agréablement surprise, les gens ont été super gentils et se sont engagés à partager l’information autour d’eux, faire jouer les réseaux… C’est vraiment top comme accueil ! »

Voir en direct les personnes qui travaillent

Gilles, le secrétaire de l’UL d’Angers, approuve : « Ce qui est bien avec ça, c’est que les gens qui recherchent un emploi viennent voir en direct les personnes qui travaillent dans le domaine. Quand on va à Pôle Emploi, les interlocuteurs ne connaissent pas vraiment le domaine. Là on vient discuter avec des personnes qui sont sur le lieu, c’est ça qui est bien, pour apprendre et s’informer sur l’emploi et où ils veulent mettre les pieds. »

« On ne pensait pas avoir autant de candidats qui se présentent aujourd’hui, là on est à 49, la collègue est en train de modifier le compteur » sourit Julien, « 49 personnes pour l’instant, il est à peine 14h, on a commencé à 10h. On savait que ça allait un peu marcher, mais on pensait à une vingtaine de CV sur la journée. Ouais, on est content, hyper content. Alors certes notre journée a un effet de communication, mais c’est aussi pour montrer à la direction qu’on a un vrai besoin de collègues, et que nos futurs collègues sont déjà là ! »

Défendre, accompagner, organiser

L’aide-soignant est « allé la semaine dernière au Pôle Emploi de Monplaisir (l’un des quartiers d’Angers, NDLR), j’étais reçu par la responsable de Pôle Emploi, et elle m’a dit “la CGT qui organise ça, déjà c’est extraordinaire, mais quelle bonne nouvelle ! Quelle initiative formidable !” Et on répondait que oui, le CHU recrute donc que les gens viennent ! Surtout que n’importe qui peut postuler, que vous soyez faiblement diplômé ou ingénieur, l’Hôpital est riche de sa diversité d’emplois donc venez ! »

Christelle détaille les actions du comité CGT des précaires et privés d’emploi : « On distribue des tracts, on accompagne un certain nombre de demandeurs d’emploi qui rencontrent des soucis avec Pôle Emploi, comme des contrôles de la recherche d’emploi qui aboutissent à des radiations pour “recherche inactive” ou “non-présentation à un rendez-vous”, on accompagne ces personnes, on mène soit des actions d’aide individuelle soit des actions collectives comme l’envahissement d’une agence avec nos drapeaux et généralement on a gain de cause pour que la personne recouvre ses droits ! Il s’agit de créer un rapport de force. »

Les préjugés sont faux

« Ce qu’on a retrouvé dans les dernières mobilisations sur la réforme des retraites, poursuit-elle, c’est l’interprofessionnel, on a l’union locale, l’union départementale qui sont là, je suis là pour la CGT privés d’emploi, il s’agit de travailler ensemble pour être au service de tous, salariés comme privés d’emploi. »

« On veut démontrer aux yeux du grand public et de la presse que les préjugés sont faux, qu’il y a des gens motivés pour postuler, d’ailleurs on le voit bien depuis ce matin par le nombre de postulants, je le vois bien encore maintenant par le nombre de jeunes qui veulent postuler à la fois pour des jobs d’été ou des jobs qui peuvent durer un peu plus » fait savoir Seb.

« Ils ne sont pas là pour abuser du système »

« On s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a énormément de monde intéressé pour venir travailler à nos côtés » constate Seb. « Ce qui est plutôt bénéfique ! Et je nous félicite, nous, CGT du CHU, accompagnés de nos camarades de l’UL, l’UD, et SDIS 49, pour cette belle journée, et j’espère qu’il y en aura d’autres, dans d’autres secteurs, parce que les privés d’emploi, ils ne sont pas là pour abuser du système, ils veulent travailler. Si on leur propose de nouvelles choses pour les aider, on s’en aperçoit clairement. Arrêtons de dire que les jeunes sont fainéants, et arrêtons de dire que les anciens veulent se planquer. Parce que c’est ce qu’on entend souvent, qu’ils veulent profiter du système, aujourd’hui on prouve que ce n’est pas vrai. Aujourd’hui, on voit des gens motivés, venus de tous horizons. »

Xavier, pour l’Union Départementale, conclut : « On espère que les candidatures aboutiront, ce n’est pas pour rien qu’on les recueille. Il faut juste que nos dirigeants arrêtent de faire croire que les chômeurs sont fainéants, qu’ils ne veulent pas bosser, alors que le succès de cette initiative prouve exactement le contraire. »

Ce n’est pas gagné d’avance

Naturellement, la CGT ne promet pas aux personnes rencontrées qu’elles seront forcément embauchées ; mais elle promet de se battre pour en faire embaucher un maximum. « C’est une activité syndicale comme une autre, c’est une vraie action, on est dans le “faire” » souligne Aurélie.

« La CGT sera vraiment sur le coup »

Pour Sabrina, « on a le double message : on veut des collègues pour travailler réellement, c’est pas du vent, et on veut aussi dénoncer la situation. On peut faire les deux tout à fait. Au moins ils ne pourront plus se cacher sur ça. Et on sera là pour leur rappeler leurs responsabilités, pour aller toquer à leur porte s’ils ne rappellent pas les postulants comme ils le font habituellement. »

« Ce qui est sûr c’est que la CGT sera vraiment sur le coup pour suivre et savoir s’il y a eu des réponses aux candidatures ou pas, et ré-interpeller la direction si elle ne donne pas de réponse » précise Monique, « et aussi rester en contact avec les personnes qui postulent aujourd’hui. Ces personnes ont amené leur candidature, elles comptent sur nous pour suivre tout ça. »

78 CV recueillis en six heures

« Je pense que ça va servir de tremplin pour d’autres domaines » abonde Gilles, tandis que Marie-José précise la suite : « On a compilé tous les CV, et on va déposer ça à la direction, en disant “vous nous dites que vous ne trouvez pas, eh bien nous on a trouvé en une journée cinquante, ou soixante ou soixante-dix, personnes motivées, et maintenant on vous demande de les recevoir”. »

Finalement, ce sont soixante-dix-huit (78!) CV et lettres de motivation qui ont été recueillis en mains propres par les syndicalistes de la CGT ce jeudi 8 juin, en l’espace de six heures bien remplies.

Zéro sur 130

Christophe, le cheminot angevin, voit dans l’initiative d’aujourd’hui, « avec le peu de passage qu’il y a, des résultats fabuleux ! C’est un super travail syndical » lance-t-il, tout en tempérant la capacité de la CGT à se faire entendre : « Nous, on s’était mis devant la gare de Nantes, et devant une gare il y a beaucoup de gens qui passent, beaucoup plus qu’ici, on a recueilli 130 CV, et sur ces 130 CV la direction n’en a retenu aucun… Donc on pense qu’il y a un petit peu de blocage du fait que ça venait de la CGT. »

Seb résume la suite : « Nous, notre but sera de faire remonter les infos, d’une part au niveau du Comité social et économique (CSE), mais surtout par voie de presse, en mettant la direction face à ses responsabilités si demain elle refuse tant de personnes. »

Stéphanie dit compter « un peu » sur la direction du CHU, « surtout sur les camarades de la CGT pour être une force de persuasion pour justement au moins qu’il y ait des embauches a minima suite à cette journée d’action. On entend souvent que la CGT ne fait que grogner, là on prouve qu’on est force de propositions et qu’on apporte des solutions. »

Tout à coup, une embauche…

Soudain, Mickaël a un sourire plus large encore que depuis le début de la journée. L’électricien nous montre les échanges de messages sur son téléphone avec l’un de ses amis cuistots, et confie : « Le gars était en entretien d’embauche il y a quinze jours, le service lui avait dit qu’il allait lui répondre sous deux semaines. Aujourd’hui pas de retour de la DRH, donc je lui ai conseillé de relancer. Il a relancé aujourd’hui, il a un rendez-vous très rapidement pour signer son contrat et il commence le 22 juin ! »

L’ami de Mickaël avait candidaté 5 fois au CHU d’Angers avant de passer par un militant CGT. L’appui syndical a permis d’arracher une première (petite) victoire, et le succès rencontré par l’initiative des militantes et militants, qui ont accueilli des dizaines de personnes tout au long de la journée au pied du bâtiment et à la vue des bureaux de la direction hospitalière, n’y est pas étranger.

Il n’est pas trop tard pour postuler

« Le but c’est de continuer à récolter des CV, même après cette journée » précise Christelle, qui se félicite également du bilan de l’opération. « Les gens peuvent nous envoyer leur candidature par mail s’ils ne peuvent pas venir aujourd’hui (à l’adresse cgt@chu-angers.fr NDLR). Le but c’est de porter ces candidatures auprès de la direction et surtout de suivre l’évolution des recrutements. A toutes celles et tous ceux qui viennent déposer leur candidature, ou qui vont le faire dans les jours à venir, on leur dit : surtout, contactez-nous, dites-nous quelle réponse vous avez eue. Et on ne vous laissera pas tomber. »

A l’heure où ces lignes sont écrites, au soir du lundi 12 juin, les candidatures recensées par le syndicat viennent d’être déposées sur le bureau de la direction du CHU. La balle est désormais dans son camp, tandis que la CGT annonce qu’elle maintiendra une pression maximale.

Pour en savoir plus sur la situation du secteur médical, sanitaire et médico-social en Anjou, nous vous invitons à visionner le premier épisode de notre trilogie documentaire Nous Sommes En Guerre, composé de reportages et témoignages d’une quinzaine de travailleuses et travailleurs, et à lire notre série d’articles Il était une fois une boîte, dont vous trouverez le premier chapitre ici, basée sur l’expérience du travail au sein même du Centre Hospitalier Universitaire d’Angers.

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