Augmentation du pouvoir d’achat : le choc entre RN et Front Populaire, programme contre programme

La principale entourloupe du Rassemblement National (RN) de Jordan Bardella et Marine Le Pen est d’avoir su se faire passer pour un défenseur des intérêts populaires et du pouvoir d’achat.

Nous allons nous y intéresser sérieusement avec la mesure centrale permettant de redonner du pouvoir d’achat : l’augmentation du SMIC et des bas salaires. Car, là-dessus, le programme du Front Populaire et celui du RN s’opposent en tous points, et soyons sérieux, dans un mois nous aurons l’un ou l’autre, car Macron ne gagnera jamais les législatives du 30 juin et 7 juillet.

Le constat

Parmi les mesures d’urgence, celle qui apparaît la plus importante est l’augmentation des salaires. Pour partager les richesses qui ne manquent pas, pour donner un coup de fouet à la consommation populaire, pour vivre dignement de son travail, il faut rehausser sensiblement le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, et d’autant les salaires jusqu’à trois fois le SMIC et les minima sociaux, en indexant le tout sur l’inflation.

Au passage, l’inflation ne provient naturellement pas du “coût du travail” que les gouvernement successifs n’ont eu de cesse de baisser, mais de la spéculation capitaliste. L’explosion des cours de l’énergie sur les marchés financiers, provoquées par des traders et des grands propriétaires d’actions “pariant” sur la montée constante du prix des denrées, nous l’a démontré, si besoin était, en 2023.

Aujourd’hui le SMIC temps plein est à 1.766,98 euros. Ça ne suffit pas pour vivre, tout le monde le sait.

Nous prenons volontairement le salaire total car la différence entre le net et le brut, les cotisations sociales, font partie intégrante du salaire. Elles garantissent la protection en cas de maladie, retraite, perte d’emploi, accident du travail en plus de financer nos hôpitaux et nos allocations familiales.

Le programme du RN

Si vous croyez aux fadaises de Bruno Le Maire, Standard & Poor’s et McKinsey, soyez cohérents et votez RN, ils pensent comme vous.

Leur programme pour le SMIC et les petits revenus du travail ? Baisser le salaire brut et ce sera à la discrétion du patron d’augmenter, ou pas, le net. C’est exactement ce qu’ils proposent dans leur programme économique.

Les conséquences sont doubles. D’une part, les cotisations sociales vont encore s’atténuer, condamnant la Sécurité sociale à disparaître encore plus vite qu’avec la politique d’Emmanuel Macron. Cela signifie tout simplement que les branches vieillesse, famille, maladie et chômage ne garantiront plus la solidarité nationale la plus élémentaire et que ce qui reste de nos hôpitaux, de nos droits sociaux, sera anéanti pour commercialiser totalement notre santé.

Le second impact est que ça garantit la continuité de l’explosion des inégalités, situation dont nous sommes si nombreux à souffrir. Les milliardaires pourront garder leurs milliards bien au chaud dans les coffres-forts. La spéculation capitaliste continuera, l’inflation de masse d’autant.

Le RN, dans son programme économique, ne propose – et ne fera, s’il arrive au pouvoir dans un mois – qu’un minable exercice comptable en rognant quelques millions, par-ci par-là, pour ne pas aller chercher les centaines de milliards d’euros où ils se trouvent, se refusant à les partager au peuple qui travaille et les mérite.

Les économies de bouts de chandelles faites en supprimant l’accès aux soins ou aux prestations sociales des immigrés en France ne rapporteront absolument rien en comparaison d’un dynamisme d’ampleur de notre production, tout en aggravant considérablement les problèmes de santé publique.

Avec le RN, ce sera toujours la misère, toujours “chacun sa gueule” mais vous pourrez toujours jouer à l’Euromillion toutes les semaines jusqu’à votre mort.

Le programme du Front Populaire

En comparaison, le Front Populaire ne manque pas d’audace. En s’appuyant sur les revendications des organisations syndicales représentatives des salariées, son programme va loin. Nous arrivons alors, en prenant en compte la totalité du programme, à un Salaire Minimum Interprofessionnel à 16,50 euros de l’heure.

Pourquoi ce montant ? Parce qu’il s’inscrit dans une logique de transformation générale de notre économie pour la rendre plus soutenable de tous points de vue.
Poser le SMIC horaire est d’autant plus important que le Front Populaire demande (et mettra en place s’il obtient la majorité aux législatives) la réduction du temps de travail, pouvant aller jusqu’à 28 heures hebdomadaires et des semaines de 4 jours : c’est le sens de l’histoire et de l’émancipation humaine, loin d’une logique de compétitivité face à des pays plus pauvres, logique qui nous tire déjà et continuerait de nous tirer irrémédiablement vers le bas.

L’intérêt des semaines de 4 jours est de réellement profiter de son temps de famille, de repos et de loisir, tout en économisant un trajet aller-retour domicile-travail chaque semaine. Des journées de 7 heures travaillées (comme c’est le cas aujourd’hui) permettent de maintenir une productivité horaire forte et de ne pas finir la semaine épuisé par des journées de 9 heures, ces dernières étant expérimentées à la demande de Gabriel Attal avec des semaines de 35 heures “en quatre jours”.

Enfin, avec des salaires qui augmentent, donc une consommation populaire soutenue – c’est le facteur économique le plus solide de prospérité nationale – et une réduction du temps de travail, nous aboutissons logiquement à des créations d’emploi. Il reste cinq millions d’inscrits à France Travail (ex-Pôle Emploi) et les conseillers de cette administration sont les premiers à admettre que, contrairement à la propagande patronale, jamais les offres d’emploi n’ont été si peu nombreuses aujourd’hui. En changeant les parts du gâteau, le gâteau grossit pour les véritables producteurs de richesse, salariés et petits entrepreneurs.

Avec des semaines de 28 heures et un salaire horaire de 16,50 euros, nous arrivons à 2.000 euros par mois.

Et le meilleur ? C’est que ce n’est pas “trop”, ce n’est pas “impossible”, ce n’est pas “destructeur”. C’est tout l’inverse : c’est juste, c’est faisable, c’est créateur.

C’est la plus grande transformation de nos vies que nous pourrions connaître et seul le Front Populaire peut nous y amener demain.

Logiquement, le programme du Front Populaire n’est pas définitivement adopté à l’heure où ces lignes sont écrites mais devrait s’appuyer sur les revendications les plus offensives du mouvement social. Si le programme s’avère insuffisant, alors, en cas de victoire le 7 juillet 2024, les travailleurs pourront faire comme en 1936 : se mettre en ordre de bataille pour transformer l’essai.

En avril 1936, le programme législatif du Front Populaire ne comportait pas d’importantes mesures telles que la création des congés payés, chose inconcevable à l’époque pour le patronat de l’époque d’être contraint d’accorder annuellement à toutes et tous les travailleurs des semaines de congés tout en leur maintenant un salaire plein. Ce sont les puissants mouvement de grèves et d’occupations des lieux de travail, par les classes populaires, dans les semaines suivant la victoire législative de la gauche unie, qui ont permis d’arracher cette grande conquête sociale. Tous les travailleurs ont pu en profiter dès l’été 1936. Si vous pensez pouvoir mettre sur pieds un mouvement d’ampleur de conquêtes populaires sous un gouvernement d’extrême-droite, c’est que vous connaissez très mal l’Histoire.

Le choix vous appartient.