À Paris, la police a abattu deux occupants d’une voiture au fusil d’assaut
Dans la nuit de dimanche à lundi 25 avril, peu avant minuit au niveau du Pont-Neuf dans l’hypercentre de la capitale française, des policiers ont fait usage de leur fusil d’assaut HK-G36 (photo d’illustration) pour neutraliser un véhicule de type léger, dont deux de ses occupants ont été tués et un troisième grièvement blessé au bras.
Pour l’instant, les versions semblent se contredire
Dans un premier temps, en l’absence de témoins venant corroborer la description de ce drame, seule la version des faits de la police a été entendue et diffusée dans les médias.
Alors qu’une patrouille de cinq fonctionnaires du groupe d’appui en charge de la sécurisation de la préfecture de police de Paris s’apprêtaient à contrôler un véhicule garé à contre-sens au niveau du square du Vert Galant, sur l’île de la Cité située sur la Seine, le conducteur aurait « redémarré en trombe » direction rive droite, « à contre-sens« , et « foncé » sur l’un des agents « qui s’est écarté pour l’éviter« . La patrouille aurait ainsi été « forcée » de faire feu, en l’occurrence de la main du « seul » policier armé d’un fusil d’assaut HK-G36, qui a tiré à plusieurs reprises.
Néanmoins, un touriste égyptien, Monsieur El Sammak, a relaté à l’Agence France-Presse (AFP) avoir « entendu tirer quatre balles. Quand j’ai regardé » depuis la terrasse de l’hôtel du Cheval blanc, située en haut du grand magasin de la Samaritaine, « j’ai vu un homme courir dix à quinze mètre. Puis il s’est écroulé. Apparemment il n’était pas le conducteur. » Une version qui semble contredire la situation de mise en danger immédiat d’un fonctionnaire de police.
Le conducteur et un passager tués sur le coup
Le conducteur, âgé de 25 ans, et le passager avant âgé de 31 ans sont morts rapidement des suites de leurs blessures, malgré les soins prodigués par les services de secours tandis qu’un troisième occupant du véhicule, situé à la place arrière droit de celui-ci, a été évacué à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le XIIIème arrondissement parisien dans un état grave, sans toutefois que son pronostic vital ne soit engagé.
Peu après 1 heure du matin, un magistrat était attendu sur les lieux où un périmètre de sécurité avait été établi ; vers 1 heure et demi, la procureure de Paris Laure Beccuau est arrivée sur les lieux de la tragédie avant d’en repartir une heure plus tard.
Toutes ces informations proviennent de source policière. Laquelle ajoute que les deux hommes abattus « étaient défavorablement connus des services de police, entre autres pour stupéfiants« , bien que leur identité n’ait pas encore été confirmée à ce stade.
Les policiers enquêtent sur les policiers
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), l’institution composée de policiers chargés d’enquêter sur des policiers, a été saisie comme le veut la procédure chaque fois qu’un fonctionnaire fait usage de son arme. L’auteur des coups de feu aurait été entendu par l’IGPN dès lundi matin.
Le propriétaire de la voiture ainsi que le passager arrière droit, blessé et âgé de 43 ans, dont l’identité a été confirmée, sont inconnus des services de police comme de ceux de la justice. Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes distinctes, l’une pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique » portant sur un possible refus d’obtempérer ; l’autre, pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », a été confiée à l’IGPN.
L’enquête de la police scientifique a relevé qu’une dizaine de cartouches ont été tirées dont « cinq ou six impacts ayant atteint les individus ». La piste terroriste a été très rapidement écartée.
Le HK-G36 est venu à la hâte équiper les forces de l’ordre après les attentats du 2015
Le HK-G36 est un modèle de fusil conçu par l’entreprise allemande Heckler & Koch, réputée pour sa production de fusils mitrailleurs, de fusils d’assaut (comme celui impliqué dans cette affaire) et de fusils de précision pour tireurs d’élite.
À la suite des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, les brigades anti-criminalité, les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), l’Unité Mobile d’Intervention et de Protection (UMIP), l’Unité de Sécurisation Opérationnel de la Capitale (USOC, dont fait partie le policier incriminé), la Police aux frontières (PAF), les pelotons de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG) et la Douane ont été à la hâte équipés de HK-G36 KP2 (tel qu’apparaissant sur la photographie de l’article, tenu par un CRS français) et KA3 (utilisés par les PSIG).
L’usage d’une telle arme est, théoriquement, réservé à des situations d’extrême gravité.