La coalition de gauche (NUPES) met en échec Macron et la droite, qui ne pourront pas gouverner même en s’unissant

Les élections législatives ont été l’occasion pour les électeurs français de sanctionner sévèrement la coalition présidentielle Ensemble. Selon les premières projections réalisées par un grand institut de sondage français et cité par Le Soir, La Libre et la RBTF, trois médias belges francophones, Ensemble ne récolterait qu’entre 208 et 248 sièges (210 à 230 selon l’institut Elabe pour BFMTV).

La France devient ce soir ingouvernable

Pire encore : Les Républicains et ses alliés de droite, avec lesquels Emmanuel Macron pouvait jusqu’à présent envisager de gouverner, ne recueilleraient que 30 à 50 sièges (60 à 75 selon Elabe) à la Chambre basse du Parlement.

Autrement dit, la probabilité la plus forte est que le pays soit strictement ingouvernable en raison du succès de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), qui décroche entre 163 et 203 sièges (170 à 180 députés selon Elabe), de quoi constituer la première force d’opposition, suffisamment puissante, en capacité de blocage, pour provoquer des élections législatives anticipées en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.

Signe de l’échec cuisant essuyé par l’ex-majorité présidentielle, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon a perdu à 56 voix près face à son adversaire, candidate du Rassemblement National. Comme le veut la règle tacite appliquée par le chef de l’État, elle devra rendre son maroquin ministériel dans les prochains jours. Mais c’est loin d’être la première préoccupation au Palais de l’Élysée ce soir du 19 juin, où le Président de la République et la Première ministre (provisoire) Elisabeth Borne doivent s’arracher les cheveux pour maintenir, sans majorité parlementaire, leur pouvoir exécutif.

La politique de la terre brûlée pour M. Macron ?

L’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale avant 2027 n’est pas exclue par Emmanuel Macron, le chef de l’État et ses lieutenants ayant répété à l’envi que la cohabitation avec la NUPES était synonyme de chaos, d’autant que le camp présidentiel entend mener des réformes institutionnelles. Monsieur Macron, en toute hypothèse, ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2027 et peut donc jouer la politique de la terre brûlée, laissant derrière lui les ruines de la démocratie libérale et le déluge d’une crise institutionnelle profonde qui se réglera entre la gauche et l’extrême-droite, les deux forces ayant le plus progressé ce dimanche.

Le camp présidentiel a perdu environ 130 députés entre les élections législatives de 2017 et celles de 2022, un effondrement qui met les macronistes au pied du mur.

Les macronistes draguent l’extrême-droite

En effet, signe inquiétant, le Rassemblement National (RN) réaliserait une percée significative avec 67 à 90 sièges (80 à 95 selon Elabe), soit un niveau jamais atteint même lorsqu’un groupe Front National avait pu exister à l’Assemblée suite aux élections à la proportionnelle en 1986. Les résultats tombés, le Garde des Sceaux (ministre de la Justice) Eric Dupond-Moretti s’est tourné vers Thierry Mariani à plusieurs reprises sur le plateau de BFMTV, sur le refrain de « ce qui compte, c’est l’intérêt des Français« . De quoi illustrer les appels du pied de l’ex-majorité macroniste, devenue minorité, à l’extrême-droite du RN, avec qui ils ont manifestement plus à partager qu’avec la gauche parlementaire de la NUPES.

Le ministre de la Justice a par ailleurs retenu de l’allocution de Marine Le Pen le mot « construction », qu’il a opposé à la fougue de Jean-Luc Mélenchon. Sur le même plateau télévisé, une heure après, l’actuelle porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a appelé à « composer avec toutes les bonnes volontés« , sans exclusive. Jean-Lin Lacapelle, porte-parole du Rassemblement National, a saisi la balle au bond et précisé que son parti et lui ne seraient pas dans « l’idéologie« , sous-entendant qu’ils pourraient donc soutenir tout ou partie des textes de loi sécuritaires et répressif. « ‘On n’a pas d’idéologie’ avez-vous dit, eh bien on va voir ! (…) On va voir si dans l’intérêt des Français, que vous dites défendre et je vous crois sur parole, vous votez en faveur de l’augmentation des moyens des forces de l’ordre » a répliqué Mme Grégoire.

Quel avenir pour la NUPES ?

Devenue première force d’opposition du pays, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale a quadruplé le nombre de députés de gauche, qu’ils soient insoumis, écologistes, communistes et socialistes, faisant de cette tactique électorale une réussite.

En raison du caractère ingouvernable du pays et de la menace fasciste qui se précise, la poussée électorale la plus phénoménale étant le décuplement du nombre de députés RN à la Chambre basse du Parlement, les différentes forces de gauche ne peuvent gommer ce qui les distingue mais ne peuvent non plus se payer le luxe de la division. A tous les échelons, et pas uniquement au sein de l’Assemblée nationale, la NUPES doit transformer l’essai en concrétisant des cadres, des structures de militantisme pour que cette tactique de circonstance devienne stratégie de victoire.

Les chiffres présentés sont issus de projections qui se vérifient minute après minute par la publication des résultats officiels. D’autres informations seront ajoutées à cet article au fil de la soirée, restez connectés sur Infoscope.live.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *