« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels » (texte intégral de la lettre d’Anatole France)
Texte original et intégral de la lettre adressée par l’écrivain Anatole France (1844-1924) à Marcel Cachin, alors directeur de l’Humanité, publiée dans l’édition du 18 juillet 1922 du quotidien communiste.
Cher citoyen Cachin,
Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu’il importe de connaître.
On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde.
Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — « Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page 163).
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.
Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir. »
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté que l’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. « C’est, dit-elle, un signe de progrès et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles : la haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »
Je lui demandais timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
— Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,
Anatole FRANCE.
Je ne connaissais pas se texte.Il n’a pas pris une ride.Et n’a cessé ces quarante dernières années être d’actualité.
Merci à vous.
Personnellement je connais 2 définitions du mot “démocratie”:
-1- la définition étymologique : composé de 2 radicaux d’origine grec :
– demos : le peuple
– cratie : le pouvoir
ce qui donne donc le pouvoir du peuple
SAUF qu’est ce que le peuple EN Vérité dans cette définition ?
C’est le pouvoir des 50,1% sur les 49,9% !!
Et quand on entend les politiques parlés, on a comprend qu’ils en sont toujours à cette définition
arriéré du mot “démocratie” indigne de notre temps !!
-2- Pour moi, la définition la plus JUSTE de ce que devrait être une Vraie Véritable démocratie est:
une phrase bien connue qui dit que : “la liberté des uns s’arrête où celle des autres commence”
car une personne qui a moins de liberté et par extension moins de droits est donc un sous citoyen,
hors le statut de sous citoyen devrait être appliqué de fait aux gens qui osent marcher sur la liberté les droits fondamentaux des autres des animaux des plantes en gros plus largement sur les droits de l’environnement, HORS CETTE course au fric sans finalité intelligente juste pour posséder posséder (que je considère et qui devrait être considérer comme une maladie mentale!) est responsable de la quasi majorité des maux : en priorité des pollutions diverses de l’environnement -> appelés “pollution” alors que l’on devrait appelé plutôt cela “empoisonnement” pollution de l’air/pollution des sols/pollutions des réserves d’eau : lacs, mers, océans, nappes phréatiques etc / pollution chimique, bactériologique, chimique, et bientot nanotechnique (par les nanoparticules!) / MAIS aussi l’aberration de la bétonisation QUI revient à faire l’équivalent de créer des déserts !! et dans le même temps l’éradication de + en + rapide de forets en priorité les forêts tropicales ! PLUTOT QUE d’utiliser l’argent pour créer des maillages de canaux d’eau dans les déserts en partant de la mer/ vu que l’humanité dispose de toutes les connaissances technologies requisent pour désaliniser l’eau de mer des océans et la rendre potable !! et donc pour transformer les déserts en paradis naturels ! / POUR AVOIR L’HARMONIE, IL FAUT QUE CHAQUE ÊTRE HUMAIN EST UN MINIMUM DE POINTS COMMUNS POSITIFS ENTRE EUX ! ET en France, on n’était pas loin d’y arriver, MAIS TOUT à été justement détruit PAR TOUS CES POLITIQUES LIBERAUX QUI SERONT TOUJOURS à mes yeux les pires criminels de l’histoire CAR CE SONT EUX QUI ONT FINANCé les pires idéologies qui ont conduit à tant de morts de vies détruites brisées ! SI LE LIBERALISME ET SES ENDOCTRinés SECTAIRES PROPAGANDISTES NE DISPARAISSENT PAS, je crains le pire aussi bien pour la planete terre que par conséquent pour l’espèce humaine!