Halte à la russophobie ! Les Russes ne sont pas nos ennemis, parce qu’ils ne se résument pas à Vladimir Poutine

C’est un dommage collatéral de la guerre en Ukraine dont nous nous serions bien passés. Suite à l’offensive militaire décidée par le Président russe Vladimir Poutine, de nombreuses personnes de nationalité ou d’origine russes se trouvent, en France, exposées à des menaces. Lesquelles risquent d’être mises à exécution par des actes de violence physique si le conflit s’intensifie, ce que son enlisement laisse présager.

Des enfants victimes de discriminations de la part d’élèves et de professeurs

Le journal numérique 20 Minutes a mené l’enquête auprès des populations d’origine russe à Nice, à l’occasion d’un article publié mardi 1er mars. Olia, qui vit dans la capitale des Alpes-Maritimes depuis onze années, témoigne d’une violence inouïe à l’égard de sa famille. « A l’école, des élèves russophones sont discriminés par leurs camarades mais aussi par leurs professeurs. Je ne pensais pas que ça arriverait, je ne pensais pas devoir les préparer à recevoir de la haine du jour au lendemain en France, le pays de la démocratie. »

Concernant la guerre, Olia déclare son amitié envers le peuple ukrainien. « Nous sommes des peuples liés par l’Histoire, par la culture ou tout simplement par le sang. Beaucoup de Russes ont de la famille en Ukraine et vice-versa. C’est d’ailleurs mon cas. C’est comme si on divisait une famille. On est alors deux peuples qui souffrent de ce conflit. »

La maison de la Russie, une association niçoise, a également reçu des menaces. Sa présidente, Hélène, Française qui a vécu une vingtaine d’années à Moscou, dit pourtant voir « sur Internet mais aussi de la part d’autres associations russes du coin le même message : la paix, nous voulons la paix ».

Tchaïkovski ? Hué !

L’affaire n’est pas strictement franco-française. Outre-Manche, les actions russophobes se multiplient également. Le chef d’orchestre Gergely Madaeras, né à Budapest (Hongrie) et diplômé de l’Université de Musique et d’Arts du Spectacle de Vienne (Autriche), à la tête de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège (Belgique) et qui est intervenu ces dernières années à l’Opéra de Montpellier et à l’Orchestre National de Lyon, en a fait les frais le week-end dernier.

Lors d’une représentation en Angleterre, alors que la philharmonie commençait à interpréter la “Symphonie Pathétique” du compositeur russe Tchaïkovski, la salle a lourdement hué l’orchestre dirigé par M. Madaeras… au point que ce dernier a du prendre la parole pour expliquer au public que l’interprétation de la musique classique d’un auteur russe du XIXème siècle ne représentait pas un soutien à la politique du gouvernement de Vladimir Poutine. Une évidence qui avait visiblement échappé aux mélomanes présents.

Une lettre de menaces reçue par un restaurant lillois

À Lille, c’est un restaurant de la rue Solférino – sympathiquement surnommée “rue de la Soif” – du nom de Baba Yaga qui a reçu une lettre de menaces des plus décourageantes. Intitulée sobrement « Départ », cette missive datée du jeudi 24 février enjoint les propriétaires et salariés du restaurant, ainsi que leurs familles, à « quitter la France dans les meilleurs délais ».

Choqués et peinés, les restaurateurs à la tête de cet établissement ont publié une photo de cette lettre de menaces sur le réseau social facebook, affublé d’un commentaire : « Se sent terriblement mal – Ça y est, on y est ! » Le document, produit par de courageux anonymes, est signé « Des Français adorateurs de la Démocratie et du respect des pays souverains. »

Lourde responsabilité des pouvoirs publics

En employant une politique de boycott total de la Russie, qui impacte bien davantage ses travailleurs, artistes et sportifs que son gouvernement coupable de l’envahissement de l’Ukraine, les pouvoirs publics occidentaux et français ont leur part de responsabilité. Les médias dominants ne sont pas en reste avec des amalgames en séries entre Russes et M. Poutine, dans leur traitement de l’actualité tragique de ces derniers jours. Ces actes racistes doivent être fermement condamnés par le monde politique et médiatique dans l’hexagone.

Il revient à toutes et tous, et en premier lieu aux travailleurs de France, de garder la tête froide et d’agir rationnellement. Le peuple russe ne peut être tenu pour responsable, ni pour solidaire de l’intervention de son gouvernement nationaliste et d’extrême-droite. Agir pour l’amitié entre les peuples et la solidarité entre classes populaires de tous pays ouvre le seul chemin menant vers la paix véritable, fondée sur le principe inaliénable et universel de justice sociale.

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