Loin des fusillades, les vrais profiteurs du trafic de drogue gagnent toujours

Ces derniers jours, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin martelait son intention de mener “la guerre à la drogue”, tandis que le député François-Michel Lambert a saisi l’occasion de la remise d’un rapport parlementaire pour brandir un joint de cannabis à l’Assemblée nationale le mardi 4 mai. Le lendemain soir, au centre-ville d’Avignon, un homme a fait feu sur un policier s’approchant d’un spot de deal – point de vente illégale. Le fonctionnaire est décédé, laissant derrière lui deux fillettes de 5 et 7 ans, tandis qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, le tireur était toujours activement recherché.

1,33 tonne de cannabis fumé chaque jour en France

Le contexte se tend et se polarise autour de la question du trafic de drogue, cœur du crime organisé français. Dans cette situation dont chacun peut mesurer la gravité, il est important de ne pas céder aux postures passionnées et de faire preuve de raisonnements rationnels, ce qui implique de prendre le recul nécessaire à la prise en compte de l’ensemble du paysage des marchés illégaux, jusqu’à ses grands profiteurs vivant dans l’opulence et demeurant impunis.

Commençons par quelques chiffres pour mesurer l’étendue de ce que représente le cannabis en France, de loin le produit illégal le plus vendu dans notre pays, et sur lequel nous allons nous concentrer tout au long de notre article.

Selon les données compilées par franceinfo, l’ensemble du trafic de drogue en France représente a minima 4 milliards d’euros de chiffre d’affaire par an, et le chanvre indien se taille la part du lion. Une tonne trois cent trente kilos de résine et d’herbe de cannabis sont consommés chaque jour en France, selon Frédéric Ploquin, journaliste et auteur du livre Les Narcos français brisent l’omerta. Notre pays compte 5 millions de fumeurs annuels et, surtout, 900.000 fumeurs quotidiens.

En 2020, pas moins de 160.000 infractions ont été constatées par la police et la gendarmerie, dues à la vente, la détention ou la consommation de drogue – soit quarante fois plus qu’en 1970.

Tout-répressif, l’obstination malgré un échec cuisant

Depuis les années 1970 justement, les politiques mises en place relèvent du tout répressif. Au problème grandissant du crime organisé, dont le centre de gravité que constitue le trafic de drogue ne cesse de s’amplifier, seule une réponse sécuritaire est proposée par le gouvernement et la grande majorité des dirigeants publics, notamment à droite de l’échiquier politique.

Mise en place en 2018 par Emmanuel Macron pour désengorger les tribunaux, la verbalisation avec procès-verbal immédiatement dressé par les policiers et gendarmes assorti d’une amende de 200 euros – 150 euros si paiement dans les quinze jours, 450 euros au-delà du temps initialement imparti – pour usage ou détention de drogue illégale, jusqu’à 10 grammes de cocaïne et 100 grammes de cannabis, n’aura ni facilité le travail des forces de l’ordre, ni la vie des consommateurs, ni permis la réduction effective de l’usage du cannabis en France.

Si Monsieur Darmanin a beau jeu de déclarer sa guerre contre le trafic de drogue à chacun de ses déplacements depuis plusieurs semaines, sa ligne relève d’une obstination aveugle dans une stratégie dont l’échec sur toute la ligne peut être résumé en une phrase : la France est le pays d’Europe le plus répressif vis-à-vis du cannabis, et en même temps le pays d’Europe dont la population consomme le plus de cannabis.

Mépris des droits du consommateur

La légalisation du cannabis, défendue par un certain nombre de députés à l’Assemblée nationale, de partis de gauche et d’associations, apporterait une stabilité et une protection bienvenues aux millions d’usagers quotidiens ou réguliers.

Jusqu’à présent, ces derniers se trouvent confrontés à un dilemme : être fumeur de cannabis signifie nécessairement se mettre hors la loi, aussi bien pour se procurer le produit, pour se déplacer avec une barrette de shit ou un sachet d’herbe dans la poche, et bien sûr pour consommer dans une longue cigarette roulée (joint), une petite cigarette roulée (stick), par le biais d’un narguilé (bang) ou d’une pipe (douille) – le plus souvent du moins, car il existe d’autres formes de consommations plus marginales, sous forme d’huile, d’infusion, de pâtisseries ou biscuits au cannabis (space cakes) ou par la vaporisation.

Aujourd’hui, le dealer et le client (ou ien-cli, formule généralement utilisée péjorativement) ne sont pas sur un pied d’égalité dans la transaction commerciale. La demande est si forte que le consommateur est généralement contraint, par la force des choses, d’accepter ce qu’il trouve même s’il se fait arnaquer sur la qualité et/ou la quantité du produit.

L’information sur la qualité réelle du produit et le prix est d’ailleurs la chasse gardée des trafiquants. Ce déficit de connaissance, tant sur une qualité qui peut varier de l’excellence à l’ignoble (voire dangereux, si le produit est coupé avec des substances toxiques), que sur le poids d’un sachet (donc sur le prix au gramme) qu’il faudra rapidement mettre dans sa poche si la transaction s’effectue en plein air ou dans un hall d’immeuble, porte fortement préjudice au consommateur non-averti.

Le dernier point sur lequel le client avance à l’aveuglette est le taux de THC contenu dans le produit, et qui peut s’avérer très élevé notamment dans la résine (shit). Le tétrahydrocannabinol, la molécule active la plus recherchée dans la défonce au cannabis, est aujourd’hui bien plus massivement présente qu’il y a une vingtaine d’années ; il aurait pratiquement doublé, passant de 10-15% à 20-25%, pour “casser la tête” bien plus sévèrement qu’auparavant et favoriser l’accoutumance et la dépendance à un produit plus fort.

Une légalisation dans l’intérêt de l’usager, mais qui ne doit pas susciter l’angélisme

La légalisation, telle que préconisée par plusieurs parlementaires français, permettrait au consommateur de vivre sa vie plus tranquillement, moins assujetti à l’angoisse de savoir s’il trouvera un produit de qualité et abordable.

L’autre intérêt de la légalisation, et il n’est pas à négliger, est l’apport pour les finances publiques de cette gigantesque manne financière que représenterait une taxe sur un bien de consommation qui coûte peu à produire et peut se vendre à un prix relativement élevé. L’argent public ainsi acquis pourrait être fléché vers des structures animées par une vraie politique sanitaire d’éducation et de prévention des risques, pour tendre à la maîtrise de la consommation du cannabis chez ses adeptes, un aspect de santé publique sur lequel la marge de progression de l’État français est immense.

Néanmoins, ceux qui, parmi les défenseurs de la légalisation du cannabis, parent cette mesure de toutes les vertus, tombent dans une caricature certes diamétralement opposée à celle de Monsieur Darmanin, mais témoignent d’un angélisme non moins grotesque.

En effet, légaliser ne signifie pas mettre fin aux trafics illégaux : la drogue est certes le centre névralgique des organisations mafieuses françaises et multinationales, mais bien peu de solutions seraient apportées aux petites mains, aux employés illégaux de ce marché noir, par la simple mise en œuvre de cette réforme.

Montée en violences des trafics illégaux, capital nécessaire à la vente légale

Dans l’hypothèse d’une légalisation, les trafics illégaux non seulement s’adapteraient à ces conditions nouvelles de business, en proposant la vente aux mineurs n’ayant pas l’âge de se fournir dans une officine légale, la vente en gros ou en taux de THC plus important que le maximum fixé légalement, et surtout le développement de la commercialisation illicite de la deuxième drogue interdite la plus consommée en France : la cocaïne.

Or, beaucoup de petits dealers consomment une partie de ce qu’ils proposent à la vente, et la recrudescence de l’usage de la cocaïne chez cette population pourrait davantage en altérer le jugement et exacerber la violence déjà bien présente dans les relations internes aux bandes, aux gangs et aux mafias structurées, mais également vis-à-vis de l’extérieur avec des tragédies, comme le policier d’Avignon abattu en plein centre-ville et en plein jour mercredi 5 mai, qui risquent fortement de se réitérer.

Pourquoi les trafics illégaux subsisteraient en cas de légalisation ? Tout simplement parce que ceux qui vivent du trafic de drogue ne seront, dans leur immense majorité, pas ceux qui auront les moyens d’ouvrir une officine légale. Tout simplement, les millions de privés d’emploi dont les centaines de milliers qui n’ont que l’argent rapide du trafic de drogue pour subsister ne se verront pas offrir sur un plateau d’argent un job de cultivateur, de conditionneur, de vendeur ou de commercial dans ce domaine extrêmement prisé, si ce dernier devient un secteur du marché légal.

Pour finir sur l’hypothèse “légalisation”, les quelques “chanceux” qui auront les moyens d’ouvrir un commerce légal de cannabis sont ceux disposant d’un certain capital de départ, des fonds à investir, des savoirs-faire notamment en communication et en marketing pour convaincre des investisseurs tiers potentiels, de quoi s’acquitter de la licence nécessaire à l’ouverture d’un tel commerce, et donc finalement le réseau chez les décideurs économiques et politiques. Autant dire que ce ne pourrait être un eldorado ouvert à tous.

Aux racines du trafic de drogue

Les trafics illégaux en général et le commerce de drogue en particulier tirent leurs racines de deux ensembles complémentaires.

D’un côté se trouve l’exclusion sociale de pans entiers du peuple, de quartiers à très forte densité de population composée de travailleurs pauvres, très souvent privés d’emploi légal, contraints à la débrouille et logiquement tenté par le trafic de drogue et l’argent rapide qu’il représente – une formule que nous préférons à celle de l’argent facile, car la pression sur les employés de base, dépourvus de contrat de travail et qui forment le maillage territorial de la vente de cannabis et d’autres produits illicites, s’avère très dure et violente.

L’autre versant concerne la production massive de cannabis, notamment au Maroc et aux Pays-Bas, mais également en France même où des “fermes” consacrées à la culture du cannabis sont régulièrement découvertes et détruites par les fonctionnaires de police ou de gendarmerie.

La triple hypocrisie de la puissance publique

Une fois produit dans des quantités astronomiques, comment le cannabis trouve-t-il preneur ? Par une demande créée de toutes pièces, depuis maintenant plusieurs générations, à travers une société de consommation dont les gâchis trouvent avec la drogue – pas seulement illégale, d’ailleurs – leur apothéose.

Cherchant à séduire le consommateur, les puissants aficionados du cannabis (tout comme l’alcool, la cigarette et parfois la cocaïne) font la promotion de ce produit qui ne manque pas d’un certain charme, dans les séries télévisées ou numériques, les films, les chansons, le dessin, la peinture, la photographie… À travers autant de canaux qu’il existe d’arts et de médias, le cannabis est promu comme bien de consommation d’un certain style de vie, cool et rebelle, car bravant les interdits.

Que des productions culturelles faisant une publicité à peine voilée du cannabis ne constitue pas la seule hypocrisie du pouvoir en place. La deuxième est l’essor formidable de la vente de CBD ou cannabidiol, l’autre molécule active du chanvre indien et dont la commercialisation comme la consommation sont parfaitement légales du point de vue du droit de l’Union européenne.

Sans effet psychoactif mais apaisant, le CBD voit les boutiques qui lui sont consacrées pousser comme des champignons ces derniers mois, au même rythme qu’il y a dix ans ouvraient les commerces de cigarettes électroniques ; à l’instar du cannabis “classique”, il peut se consommer en résine ou en fleurs séchées (têtes) mélangées à du tabac dans de larges cigarettes, ainsi qu’en infusions, space cakes et liquides pour cigarette électronique.

L’ultime hypocrisie de l’État français se situe dans l’autorisation sans condition de la commercialisation, dans l’intégralité des bureaux de tabac et chez certains épiciers, de tout le matériel nécessaire à la confection de joints de cannabis : feuilles à cigarettes larges et/ou longues, effriteuse (grinder) pour moudre les têtes d’herbe, narguilés ou pipes décorées de feuilles de cannabis, et même parfois balance mesurant au centième de gramme près un petit poids – inutile en cuisine, mais très utile pour répartir et préparer des petites quantités d’herbe ou de résine.

Aspiration de l’argent vers le haut ou ruissellement inversé

Les montagnes d’argent qui transitent jour après jour sont aspirés vers le haut dans une hiérarchie très structurée au sein des mafias les plus puissantes.

Les (très) jeunes, guetteurs ou revendeurs, gardent ainsi assez pour satisfaire leur propre consommation et leur appétit avec de quoi s’offrir un repas calorique bienvenu ; les responsables de spots (points de vente parfois fixes), comme les cadres à l’échelle d’un bloc ou d’un quartier, vont pouvoir rapidement s’offrir et offrir à leurs proches des vêtements de qualité, une voiture correcte, quelques séjours de vacances loin du tumulte de la rue.

Et tout en haut, les criminels en col blanc qui dirigent les trafics à l’échelle d’une ville, d’une région voire de plusieurs pays, vont blanchir l’argent sale dans des affaires légales dont ils sont eux-mêmes propriétaires et ne seront que très exceptionnellement inquiétés, car ils disposent du réseau en tant qu’hommes d’affaires pesant sur les marchés légaux.

Industries légales, industries illégales de front vers l’ubérisation

C’est justement parce qu’il existe une hiérarchie très nette avec quelques propriétaires de moyens de production et d’échange (réseaux et carnets d’adresses internationaux, capital financier à investir, “ponts” aériens ou maritimes pour le transport de la drogue) qui récupèrent l’essentiel de la mise, des masses gigantesques de personnes, surtout de jeunes hommes, qui vivent ou survivent tant bien que mal de la vente au détail, et entre ces deux extrêmes une hiérarchie présente pour faire le tampon voire pour opérer des réglements de comptes entre bandes rivales, que le trafic de drogue s’avère ni plus ni moins une forme de capitalisme sauvage.

Capitalisme légal et capitalisme sauvage vont de pair et avancent de front, car ils sont dirigés par la même poignée de personnes faisant peu de cas du respect de la loi – il suffit de mesurer les pertes, pour le Trésor public français, dues à l’évasion fiscale qui se chiffre à des dizaines de milliards d’euros par an – et qui s’adaptent en permanence aux nouvelles conditions, aux techniques de management toujours plus brutales ainsi qu’aux nouveaux outils, notamment de communication.

L’ubérisation, consistant en une flopée d’auto-entrepreneurs qui s’auto-exploitent pour le compte de grandes plateformes opérant tellement haut qu’elles sont insaisissables, emprunte beaucoup au capitalisme sauvage des mafias dans son mode de fonctionnement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce sont souvent les mêmes profils, mis au ban de l’emploi légal protégeant le salarié par un contrat de travail et une protection sociale, qui se retrouvent parfois chauffeur ou livreur pour Uber, parfois employés par le marché noir, avec la précarité comme horizon indépassable.

Pression, surtravail et plus-value mafieuse

Mises sous pression, les petites mains des trafics de stupéfiants (nom donné en France par la police et la gendarmerie aux drogues hors-la-loi) doivent maintenant composer avec les outils numériques, passant par des messageries cryptées pour proposer leurs produits directement aux clients et fixer avec eux le rendez-vous où la transaction s’opérera.

Pour beaucoup de jeunes à qui l’on n’offre aucun horizon légal pour s’en sortir, une fois le doigt pris dans l’engrenage du trafic illégal, il est difficile, voire quasiment impossible, de faire marche arrière.

Plus volatile, la grande bourgeoisie mafieuse profite massivement du surtravail, c’est-à-dire les heures de travail effectuées par les employés du marché noir qui ne leur sont pas rémunérées, largement majoritaires dans le temps de travail total ; et ce surtravail se traduit monétairement, financièrement par une plus-value gigantesque, puisqu’elle concerne elle aussi la majorité des quatre milliards d’euros de chiffre d’affaire que génèrent les trafics de drogue, cannabis en tête, chaque année en France selon les estimations les plus abouties.

Si le prix de gros est effectivement moindre, en euros par gramme, que le prix de détail, il est à noter que l’essentiel des recettes réalisées en bas seront consacrées au remboursement d’une dette (vente en gros à crédit) et/ou au rachat de marchandise à écouler. C’est de cette manière, et par une chaîne hiérarchique qui protège totalement les plus hauts placés, que s’opère l’aspiration vers le haut de l’argent, jusqu’à son blanchiment dans des affaires légales et des paradis fiscaux.

Pas de solution miracle mais des considérations importantes

La question de la légalisation, qui mérite d’être posée, ne peut se détacher de la considération pour les deux grands aspects de la problématique.

D’une part, pour le consommateur, la puissance publique doit se familiariser au plus vite avec le produit, mieux connaître le cannabis et sa molécule active la plus recherchée – le THC – pour mettre en œuvre, sans attendre, des mesures de santé publique non-caricaturales afin d’éviter ou limiter la consommation notamment chez les plus jeunes, les adolescents dont le cerveau est en formation et qu’une intoxication – très forte consommation non-maîtrisée – au cannabis peut affecter lourdement et durablement.

Mais il s’agit aussi, du moins pour les gouvernants (car du côté de la culture populaire, c’est fait depuis longtemps), de dédiaboliser le produit “cannabis” qui fait objectivement, et malgré une consommation régulière à très grande échelle dans notre pays, moins de ravages que l’alcool, dont la question de l’interdiction n’est jamais posée. Selon l’institut YouGov, qui a mené une enquête auprès de 18.000 Français en décembre dernier, 15% des interrogés reconnaissent avoir augmenté leur consommation d’alcool depuis le début de la pandémie, tandis que les ventes de boissons alcoolisées en grandes surfaces ont bondi de 40%.

D’autre part, et nous en terminerons là, la légalisation n’est pas le remède miracle, et ce bien qu’elle protégerait objectivement les très nombreux consommateurs, puisqu’elle ne pourrait seule mettre fin aux mafias qui gangrènent les strates les plus pauvres de la société française, ni aux trafics illégaux qui subsisteront tant que la puissance publique ne mettra en œuvre un plan massif et volontariste d’accès à l’emploi légal pour toutes et tous.

C’est aux principaux financiers, blanchisseurs et profiteurs du crime organisé globalement et du trafic de drogue spécifiquement d’être poursuivis et condamnés, mais force est de constater que ce n’est pas la voie prise par Monsieur Darmanin et ses préfets, qui préfèrent les “coups de filet” sur les petites bandes dans quelques quartiers populaires. Les vrais criminels en col blanc doivent rendre des compte à la société française, dont la tolérance grandissante vis-à-vis du capitalisme sauvage sous toutes ses formes doit, a minima, gravement nous interroger.

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