Pasa Akin, un syndicalisme pragmatique et constructif

Bonjour Pasa, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Pasa Akin, je suis étudiant à l’Université d’Angers (UA) en L3 Economie-Gestion, licencié en Mathématiques et président de l’Association Générale Étudiante (AGE) de l’UNEF Angers.

Tu présides la section angevine de l’UNEF, quelle est cette organisation ?

L’Union nationale des étudiants de France est un syndicat étudiant présent sur tout le territoire, qui plus est centenaire, de gauche et se définit comme une organisation de lutte, c’est-à-dire  que c’est l’outil des étudiants face aux attaques libérales dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). C’est la boussole améliorant la condition étudiante depuis un siècle (le syndicat est fondé en 1905, NDR).

Qu’est-ce qui t’a amené à t’engager à l’UNEF ?

Le scrutin présidentiel de 2017 a poussé à m’engager autrement que par un bulletin de vote. L’UNEF est l’organisation qui a la meilleure expertise et la meilleure expérience du milieu étudiant par rapport aux autres organisations que j’ai découvertes durant cette séquence. De plus, j’ajouterais que mon objectif n’était pas de faire des soirées étudiantes mais davantage des manifestations.

Nous sommes ici au Campus Day, quelle est cette initiative et qu’avez-vous prévu ?

L’UNEF a contribué à la fondation de cet événement par le biais de Maurine Péron, la Vice-Présidente Etudiante (VPE) de 2013 à 2015 issue des rangs du syndicat. C’est un rendez-vous assez exclusif car il correspond à un jour férié pour les étudiants et c’est l’occasion de se faire connaître pour l’UNEF. En tant qu’organisation c’est un moment à ne pas manquer car c’est la première activité publique sur le campus depuis le début de la pandémie et de ses confinements.

Le stand est surtout réputé pour ses fouaces, d’autant que nous sommes la seule association à proposer de la restauration, mais il comporte aussi une partie militante pour présenter le triptyque de l’UNEF : informer, défendre et organiser la solidarité.

Le succès du stand est au rendez-vous, il y a une reconnaissance assez importante de la part des pairs qui viennent pour certains d’entre eux depuis quatre ans. Quoiqu’il arrive, les militants de l’UNEF seront fidèles au poste.

La construction de quatre cents logements étudiants vient d’être annoncée sur le campus de Belle-Beille. En quoi est-ce une victoire ?

C’est le résultat de quatre années de luttes, l’UNEF peut être fière d’avoir obtenu la construction de 400 logements, ce qui n’est pas rien, et qui seront livrés en 2024. Il y aura à ce moment-là 2800 lits dans la ville d’Angers proposés par le service public, ce qui nous amène à la moyenne régionale.

Cependant c’est une victoire à moyen-terme, qui en appelle d’autres à plus long-terme car il y a une augmentation de 1.000 étudiants en moyenne chaque année à l’Université d’Angers tandis qu’à l’Université catholique de l’Ouest (UCO) les effectifs augmentent de 1 à 2% chaque année. La tension risque d’être encore très forte.

Il a fallu six ans d’attente entre la construction de la dernière résidence étudiante du CROUS (la résidence Volta, NDR) et le début de la construction de cette résidence de 400 logements.

L’enthousiasme général risque d’être effacé à moyen-terme. Pour la construction d’un tel dispositif plusieurs acteurs sont compétents : le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS), la Région, l’État, le Centre National des Œuvres Universitaires et Scolaires (CNOUS) et la Ville. L’Université d’Angers n’a pas la compétence pour construire des chambres mais a quand même légué son parking, en outrepassant ses droits et mérite à ce titre d’être remerciée.

Il y a eu un absent de taille, c’est la Ville d’Angers. Le parking étudiant de l’UA deviendra le terrain de construction de cette résidence.

En quoi cette annonce est-elle encore insuffisante au regard de la crise du logement à Angers ? 

L’Université d’Angers prend le pari risqué de la diminution du nombre de voitures avec la construction de la nouvelle ligne de tram, ce que rien ne promet. Dans tous les cas, la Ville se sera contentée de soumettre à un appel d’offres pour la construction de logements étudiants privés, un secteur toujours gagnant ces dernières années.

La résidence Odalys Campus, 172 logements étudiants au niveau de Jean Moulin (sur le plateau des Hauts-de-Saint-Aubin, NDR), dont le loyer minimum s’élève à 496 euros sans compter les frais de dossier, comparés aux 254 euros d’un neuf mètres-carré dans le CROUS.

Je regrette d’avoir appris à l’adjoint à l’immobilier de Monsieur Béchu (maire d’Angers, NDR) que la Ville est compétente en termes de logements mais maintenant qu’ils ne peuvent plus l’ignorer, je leur demande : “qu’attendez-vous ?” 

Quelles sont vos campagnes présentes et à venir pour cette année universitaire ?

L’UNEF va mener sa traditionnelle campagne d’exonération des frais d’inscription, ce que très peu d’étudiants connaissent car l’UA en fait très peu la promotion. L’UNEF mène seule cette campagne.

La campagne logement va continuer, elle est même primordiale car la précarité est trop flagrante. Les étudiants qui arriveront d’ici 2024 ne seront pas assurés d’avoir un logement. L’UNEF ne peut pas se contenter d’une seule victoire et de nombreuses échéances s’imposent également, notamment le calendrier électoral universitaire.

En effet, des élections au CROUS arrivent…

Tout à fait, le CROUS, c’est sept représentants étudiants élus dans les Pays-de-la-Loire qui sont la voix de 139.000 étudiants. L’UNEF possède deux sièges et un représentant nommé. Le CROUS est le service de référence pour les étudiants, construit lui-même historiquement par l’UNEF (en 1936, NDR), et qui a des compétences en matière de restauration, d’aide sociale, des bourses, des logements et de la culture. 

Les étudiants ont besoin d’un service public fort, dynamique et à leur échelle.

Les élections ont lieu début décembre.

L’Université d’Angers renouvelle également ses conseils centraux. 

Les élections aux conseils centraux auront lieu courant janvier. Elles permettent aux étudiants d’être représentés au Conseil d’Administration (CA), où l’UNEF a deux élus, et à la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU) où nous en avons quatre. 

Le CA est l’organe de direction politique de l’Université d’Angers. La CFVU est l’organe consultatif qui pose l’architecture du calendrier universitaire, des maquettes de formation et de l’animation sur le campus auprès des étudiants par l’Université. 

L’objectif pour nous est de faire mieux cette année qu’il y a deux ans, où nous avions fini en seconde position. Le “mandat Covid” qu’ont effectué les actuels représentants étudiants s’est avéré difficile à mener.

L’UNEF a pour elle d’avoir la meilleure expertise et la meilleure efficacité d’action et de représentation au sein du milieu étudiant angevin, notre bilan l’atteste.

En effet, je crois savoir que Camille Blin, l’actuelle VPE, est élue sur vos listes, compte-t-elle se représenter ?

Il faut comprendre qu’être VPE est un travail à temps plein, plus dur que celui de président d’AGE ; Camille Blin, élue sur nos listes, a été à la hauteur de cette tâche et pour cela je tiens à la remercier. Mais ce n’est pas à moi de décider sur une nouvelle candidature de Camille. 

L’UNEF ne va pas bâtir sa stratégie sur la conservation ou non de la vice-présidence étudiante mais, comme on dit chez nous, d’être un pied dans les instances et un pied dans les mobilisations. C’est la stratégie qui a le plus de sens. Elle se veut pragmatique et constructive, notamment quand on voit ses derniers résultats avec la construction de logements étudiants.

Ce qui va aussi être important à mes yeux, c’est de développer l’idée que les cours sont aussi essentiels et que les élus étudiants dans les instances suivent et réussissent autant que possible leurs études. 

De plus, l’UNEF organise son congrès cette année. Comment se déroulera-t-il ?

Pour expliquer son fonctionnement, il faut comprendre que l’UNEF est une organisation structurée en tendances. Notre tendance réfute cette méthode d’organisation parce qu’elle implique une confrontation permanente en externe mais aussi en interne face à nos propres camarades.

Tous les deux ans, l’activité ralentit alors que d’autres batailles sont importantes. Dans tous les cas, nous poursuivrons notre travail sans nous mettre en pause.

Quelles relations entretenez-vous avec les autres associations étudiantes ?

L’UNEF Angers aura une attention particulière pour les associations étudiantes cette année, car elles ont subi la séquence du Covid et n’étaient pas prêtes à affronter la pandémie.

L’activité a diminué et la transition est aujourd’hui complexe. Certaines associations étudiantes repartent de zéro, dans un contexte d’un cycle étudiant court, d’une moyenne de trois ans voire cinq dans le meilleur des cas. La perte de compétences risque d’être fortement délétère pour des composantes essentielles de la vie étudiante.

L’UNEF développera des relations étroites avec les associations car elles sont essentielles mais elle ne demandera aucune contrepartie, notamment en termes d’adhésion à notre organisation syndicale. Nous attendons surtout de ces dernières qu’elles puissent assurer leur activité au mieux.

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